Koridwen
Dessinateur : Adrian Huelva
Scénariste : Denis Lapiere
Scénariste : Pierre-Paul Renders
Coloriste : Amparo Crespo
Editeur: Dupuis
De: Maître du jeu
A: Experts
Ceci est sans doute mon dernier message.
Les connexions s'éteignent peu à peu dans le monde entier.
Gardez espoir. Nous sommes toujours les Guerriers du temps
Je connais le moyen de remonter le temps. Je l'ai toujours connu. Mais seul, je ne peux rien faire. Rejoignez-moi.
Ensemble, nous pourrons éviter la catastrophe en réécrivant le passé. Croyez en moi, croyez en vous, et nous gagnerons contre notre ennemi le plus puissant: le virus.
Rendez-vous le 24 décembre à minuit sous la plus vieille horloge de Paris.
Khronos
L’histoire de ce #01 en quelques lignes…
Le virus U4 (U pour Utrecht, ville où le virus est apparu pour la première fois, 4 pour la 4ème génération) a exterminé 90 % de la population en dix jours, n'épargnant que des adolescents entre 15 et 18 ans. Jules, Koridwen, Yannis et Stéphane ne se connaissent pas, mais comme tous les autres experts du jeu en ligne « Warriors of Time » (WOT), ils ont reçu un étrange message juste avant qu'Internet ne s'effondre : le maître du jeu, Khronos, les convoque à un rendez-vous à Paris. Pour remonter le temps. Afin d'empêcher la catastrophe.
Bergamote et son petit sont la seule raison de vivre de la jeune Koridwen depuis que le virus U4 a exterminé toute la population de son petit hameau au fin fond de la Bretagne.
Elle tente de survivre dans sa ferme, sans électricité ni internet.
Avant de mourir, sa mère lui a confié une enveloppe laissée par sa grand-mère, à ouvrir le jour de ses quinze ans. Cette lettre, qui parle d'un long voyage et de mondes parallèles, fait étrangement écho au message reçu sur son jeu en ligne préféré, « Warriors of Time ».
Ce qu’on en a pensé…
Commençons d’abord par ce qui m’a déçu (et pas qu’un peu !) : la forme. Depuis des décennies, les éditions Dupuis nous sortent des ouvrages avec une couverture cartonnée ; en wallonie (et donc par extension en France, Suisse,…) nous ne sommes plus du tout habitués à tenir en nos mains des bandes dessinées de style « Franco-belges » souple, avec une couverture brochée (au contraire de la flandre où c’est encore très courant) ; Qui donc chez Dupuis s’est-il dit que ce serait une bonne idée de sortir cette série en broché et dans un format « hors-normes » ? Là aussi, ça me pose problème : Soit on publie un ouvrage en format BD (+/-A4), soit en format Comics (ex : SuperGroom) ; ici, on tient dans les mains un objet aux dimensions batardes, trop allongées…
Ce qui nous amène au second point qui m’a interpellé : cet excédent dans la largeur des planches n’est guère utilisé à escient dans la composition générale ; on trouve généralement une première bande de 3 cases, une seconde unique s’étirant donc sur la largeur et une 3ème composée de 2 ou 3 cases. Sérieusement, je peux admettre ce format, mais qu’au moins alors le dessinateur exploite réellement cet espace.
Lorsqu’on se rend chez son libraire favori, on est chaque semaine assailli par les nouveautés ; Inconsciemment alors, on se fixe un premier avis avec nos yeux. Et bien visuellement, on ne tombe pas en pâmoison devant cet objet. Ce qui peut aider, c’est l’aspect « Marketing» : 4 tomes d’un coup, ça en jette. Mais n’est-ce pas s’imposer par la quantité plutôt que par la qualité ?
Sur le fond maintenant. Je m’attendais à une série se situant au confluent de 2 œuvres cultes : « Seuls » et « Berceuse assassine ».
Pour « Seuls », le concept d’éradication des adultes où seuls survivent des jeunes dans un monde à l’abandon, et pour « Berceuse assassine » (triptyque paru entre 1997 & 2022 de Ralf Meyer et Tome) le concept hyper intéressant de vivre une même et unique aventure selon le point de vue de chaque protagoniste.
N’ayant pas lu les 3 autres tomes, je ne saurai pour l’heure valider cette seconde hypothèse, car les scénaristes pourraient très bien être resté sur un schéma narratif plus classique : 4 personnages qui vivent une partie de l’aventure en solo et qui se retrouve à pour finaliser une quête. Je crains cependant qu’on ne reste sur cette seconde option, car leurs chemins n’ont fait que s’effleurer vaguement dans la dernière partie de l’histoire.
Pour la première inspiration par contre, (Seuls), on est en plein dedans.
L’histoire que Pierre-Paul Renders & Denis Lapière nous propose dans ce volume se centre donc sur cette jeune bretonne qui a perdu tous ses repères. La seule chose qui la raccroche à la vie est (hormis sa vache) de s’occuper de son cousin handicapé Max et de découvrir le lien entre les dernières paroles du Maitre de Jeu Khronos, ses rêves et les prédictions teintées de croyance ancestrale que lui avaient faites sa grand-mère Mamm-Gozh sur son avenir…
Un ensemble de pièces complexes qui tel un puzzle doivent s’imbriquer parfaitement pour dévoiler la solution complète d’un fameux mystère.
Etalée sur 140 pages, les auteurs prennent le temps pour poser les différents personnages, pour leur donner du corps. C’est sans nul doute un des aspects fort de cet œuvre : à partir de la moitié de l’album, on est complètement immergé dans la quête de l’héroïne ; à partir de ce point, les 2 scénaristes n’ont plus qu’à dérouler leur histoire principale, en laissant vivre les différents personnages ! Ainsi par exemple, la construction du jeune Marek se révèle très bien ficelée : le jeune Ado ténébreux qui gère sa nouvelle vie à coups de débrouille et de coups en douce.
L’univers mis ainsi en place est donc très cohérent et efficace. Dès lors, on n’est pas surpris quand l’élément surnaturel intervient : Kori découvre qu’elle est dans une boucle temporelle et décide de rompre celle-ci en réunissant les 4 autres experts de son jeu online et en oeuvrant collectivement.
Graphiquement enfin, si de prime abord je ne suis pas friand du graphisme d’Adrian Huelva, j’admets volontiers m’y être très vite accoutumé, si bien qu’après une dizaine de pages, ma lecture sur ce plan était sans achoppement. Ce qui aide aussi est le très bon travail de la coloriste Amparo Crespo qui a réussi à instiller des ambiances différentes en fonction des lieux et des lumières ambiantes. Réellement, la mise en couleurs apporte un plus à cet univers graphique !
Vous l’aurez compris : cette série n’est pas destinée à un public Jeunesse : la trame scénaristique se révèle suffisamment complexe et parfois dure que pour être destinée à des lecteurs avertis.
Je suis très curieux de voir maintenant ce que mes confrères-chroniqueurs de GénérationBD ont pensé de leur tome, et surtout de voir où la réunion de ces 4 chemins vont nous emmener avec ce 5ème tome servant de clé de voute à la série (parution de Khronos prévue en Mai 2022).
Pour lire les avis sur les 3 autres tomes, vous pouvez cliquer sur notre article central ou sur leurs covers en fin de cet article. (attention: à l'heure de la mise en ligne de cette chronique, les tomes 2 & 4 ne sont pas encore publiés)
Pour en savoir (encore) + …
Adaptation libre des romans éponymes de Grevet, Hinckel, Trésor et Villeminot sortis en 2014-2015, voilà la nouvelle sortie jeunes adultes de Dupuis.
Contrairement aux romans où chacun des 4 premiers tomes était l’œuvre d'un auteur ou d'une autrice, ici les 4 albums (et même un 5ème à venir, Khronos) disposent de la même équipe, à savoir : Pierre-Paul Renders et Denis Lapière (scénario) et Adrian Huelva aux dessins.
Il s'agit d'albums souples de 144 pages à 14,50€
La page de l'éditeur : https://www.dupuis.com/seriebd/u4/14884
Milan Morales