Picasso s'en va-t-en guerre
Dessinateur : Daniel Torres
Coloriste : Daniel Torres
Editeur: Delcourt
Picasso s’en va-t-en guerre est un album composé de deux récits de dimensions égales (70 pages chacune environ). Le premier coloré dans les teintes vertes est la mise en place d’une relation entre un auteur de bande dessinée (en fait le dessinateur de la bande dessinée lui-même, soit une première mise en abyme) et un artiste hors pair et le second, une deuxième mise en abyme par le biais d’une bande dessinée réalisée par Torres mettant le personnage de Picasso dans un récit fictif et intégrée dans l’histoire principale, cette partie se démarque par un fond de page jauni « à l’ancienne ».
Cette approche est assez originale et finalement relativement peu exploitée en bande dessinée. Elle est intéressante à deux niveaux différents : la première est de faire découvrir la personnalité de Picasso via une relation entre deux hommes. Torres semble s’être documenté sur la personnalité de Picasso, par exemple sur l’importance qu’il donne à la jeunesse, son dynamisme, son non-conformisme,... Je ne serais pas étonné que certaines phrases aient été reprises du personnage lui-même. Picasso ne disait-il pas : « L’art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité » ?
La seconde source d’intérêt est la manière un peu militante donc Torres présente la bande dessinée. Celle-ci devient un outil de propagande et de motivation au service d’une noble cause, elle permet de réinventer un monde. La bande dessinée devient donc un outil lui aussi mis en abyme dans une bande dessinée…
Belle démonstration que nous fait Daniel Torres de la manière de jouer avec un personnage haut en couleur et de s’immerger dans un récit de manière imaginaire. Le regard est parfois ironique et l’humour bien présent mais il y a aussi une certaine tendresse de l’auteur pour Picasso à qui il redonne une dimension plus humaine. L’auteur démontre au passage sa maîtrise de la ligne claire…
On est donc bien loin ici d’une biographie d’une personne célèbre comme le monde de la bande dessinée en regorge mais plutôt dans une découverte progressive d’une personnalité, un peu comme un tableau que l’on découvrirait progressivement à chaque coup de pinceau. Et comme dirait Pablo Ruiz : « Rappelle-toi, l’unique personne qui t’accompagne toute la vie, c’est toi même ! Sois vivant dans tout ce que tu fais ».