Ce qu’on en a pensé…

Créé par Yuu-Yuu en 2018, cette série s’inscrit parfaitement dans la mouvance tech actuelle : elle réalise un mix entre Battle royale à la fortnite et Metavers augmenté à la sauce zukerberghienne.  Parfaitement calibrée donc pour son public, la projection du lecteur dans ce type d’univers est donc empreinte de sens !  Bien joué, l’auteur nous montre là ce à quoi ressemblera sans doute le MetaVer de demain !

L’autre volet intéressant à cette nouvelle série est l’association que forme notre jeune Himawari avec ses 2 équipiers (Haruichi & Teijun) qui se décrivent comme étant de parfaits débutants alors qu’en réalité, ils cachent des aptitudes phénoménales ; ces 2 gamers préfèreront rester dans l’ombre en masquant leurs attaques sous celles de leur Magical Girl !

Si graphiquement, le style du mangaka se prête aussi bien à la comédie romantique jusqu’aux scènes d’actions cheatées, l’auteur est malheureusement tombé dans un écueil qui nous a littéralement sorti à plusieurs reprises de son histoire : c’est trop verbeux ! 

On peut parfois se saoûler en s’entendant penser dans sa tête à soi tout au long de la journée, mais alors entendre toutes les pensées les plus intimes sur chaque action de chaque personnage tout le temps…. Je baisse pavillon et manga ! 

Les cases sont parfois toutes petites, mais toujours emplies de phylactères…  Les différents protagonistes passent tout leur temps à discuter ! 

Alors certes, c’est intéressant de bien comprendre les règles de l’AR/MS, de comprendre les doutes de l’héroïne ou les motivations secrètes des autres intervenants, mais ici, cela se fait alourdit totalement les cases et donc par extension de l’Histoire !

Pourtant la base du scénario est vraiment chouette, pouvant intéresser potentiellement plein de lecteurs différents, le style graphique de dessinateur Yuu-Yuu est intéressant …. Le vrai souci avec ce manga ne vient pas de l’auteur, mais bien de l’éditeur.  Je m’explique : Un auteur n’œuvre jamais seul dans la conception de son livre : Au-dessus de son épaule lorsqu’il est transpire sur sa table à dessins, un œil scrutateur surveille toutes les étapes de la création de son histoire.  Et cet accompagnement doit se faire dès les premiers nemus (sorte de brouillon des planches) où l’éditeur veille notamment à l’équilibre « dessins x écriture ».  C’est une étape cruciale où l’auteur doit souvent sabrer, simplifier, élaguer dans ses dialogues pour alléger la lecture globale de son oeuvre.  Et c’est manifestement lors de cette étape que l’éditeur n’a pas fait correctement son travail d’accompagnement. 

Ayant établi ce dur constat, on a voulu en savoir un peu plus sur sa maison d’éditions japonaise.  Il s’agit de « Got », assez peu connue chez nous ; elle prépublie ses séries essentiellement dans 2 magasines : « Comic MeDu » (pour ses 2 séries Seinen dont AR/MS) et « Comic Anthurium » pour ses publications Hentai.

Sans jeter de discrédits, on comprend mieux donc cette erreur : il s’agit d’une jeune maison d’éditions et le catalogue de Got est plus fourni dans sa partie Hentai.  2 possibles raisons pouvant expliquer ce manque de suivi éditorial (on va enfoncer une porte ouverte, mais les œuvres hentai ne sont jamais connues pour la finesse de leurs dialogues…).

Vraiment dommage, car si cette épure littéraire avait été correctement réalisée en amont par l’éditeur japonais, on aurait pu avoir entre les mains deux très bons premiers tomes d’une série originale, mélangeant Magical Girls, Super-héros et Survival Games…

Milan Morales