Derrière le ciel gris
Dessinateur : loundraw
Scénariste : Sugaru Miaki
Editeur: Delcourt
Résumé :
Kumoriza a le pouvoir de conduire les gens au suicide, sans laisser de trace. Il élimine les cibles qui lui sont soumises, jusqu’au jour où il doit faire disparaître la fragile et énigmatique Aozora.
Mais comment tournera cette rencontre particulièrement cruelle qui pourrait bien basculer vers un surprenant dénouement ?
Avis :
Les éditions Delcourt/Tonkam viennent de lancer la collection Moonlight dans laquelle ils veulent mettre en avant des titres touchants, mélancoliques et oniriques. Dans cette collection, on ne classifie plus le manga selon le genre (shojo, shonen, seinen) mais on s’attarde plutôt sur les émotions.
Trois nouvelles séries y sont parues : « Le prix du reste de ma vie », « Parasites amoureux » (détenant déjà son light novel dans cette collection) et « Derrière le ciel gris ». Elles ont comme point commun d’avoir toutes le même auteur, Sugaru Miaki, un jeune romancier qui s’est fait connaitre en 2013 au Japon avec son oeuvre « Mikkakan no Kôfuku » (en français : Pour trois jours de bonheur j'ai vendu le reste de ma vie) devenue best-seller en s’écoulant à plus de 200 000 exemplaires.
Pour ma part, je pense que même en classifiant les mangas par genre, ce n’est pas pour autant qu’on n’éprouve pas d’émotions en les lisant... Mais, cette collection a quand même titillé ma curiosité de part ses titres qui sortent un peu du lot. C’est donc ici que je commence ma chronique du manga qui nous intéresse aujourd’hui, Derrière le ciel gris.
Aozora to Kumorizora, de son nom japonais, est une série en cours avec 2 tomes. Sugaru Miaki commence à l’écrire en 2012, comme d’autres petites histoires courtes sur internet qu’il postait sous un pseudonyme. Ce n’est qu’en 2016 qu’il décide de retravailler cette œuvre et de l’adapter en manga avec loundraw au dessin.
Ce dernier, devenu professionnel avant ses 20 ans est réputé pour la qualité de son trait et sa maitrise de la profondeur de champ et des perspectives. C’est vrai, on le voit clairement tout au long de ce manga, le dessin est beau, tout en finesse, il n’y a pas de trait qui n’ait pas lieu d’être. Peu d’ombrages, sauf pour les décors qui sont assez pauvres, et toujours par hachures, il préfère travailler la lumière… Le trait n’est pas parfait, mais il fait son job.
La jaquette, par contre, est magnifique ! On la croirait tout droit sortie d’un film d’animation ! Sachant qu’il a même créé son propre studio « Flat Studio » en 2019, cela n’étonne que peu. Les éditions Moonlight font également bien les choses en la mettant en avant grâce à un papier lustré de qualité et du vernis repéré sur le titre.
En ce qui concerne le scénario, nous entrons directement dans le vif du sujet avec ce personnage, que nous ne découvrirons que plus tard, se disant capable de prendre possession du corps de quelqu’un d’autre. Il prend cela comme un job qu’ « on » lui demande de faire: prendre une personne pour <cible> et s’arranger pour la tuer en faisant passer cela pour un suicide.
Déjà, on en n'apprend pas beaucoup sur « la voix » en question ni sur le pourquoi et comment elle lui demande de faire cela ? Pourquoi accepte-t-il aussi? Il ne faut pas réellement chercher à comprendre, c’est juste un fait établit. Un peu dommage…
De plus, cette façon d’écrire chaque nom entre <…> est un peu étrange, comme si l’auteur cherchait à nous faire comprendre que les personnages n’avaient que peu de sens ou pas de propriétés propres. Un peu comme, des choses… Peut-être pour aider à se détacher justement du fait qu’il n’a pas d’état d’âme lorsqu’il décide de tuer quelqu’un…
Par la suite, ce « nettoyeur », comme il s’appelle (ça m’a fait penser au film « Léon » de Luc Besson), va vite comprendre que sa future victime veut réellement mourir. Non content de se dire : « Chouette, une mission facile ! » Bin non ! Il va vouloir jouer un peu avec elle et lui apprendre à aimer la vie avant de la tuer pour y prendre plus de plaisir. Un peu incohérent… On attendra la suite pour voir si l’auteur nous en dira plus sur pourquoi il veut tant la faire souffrir.
Bien entendu, tout cela dans le but de pouvoir approfondir cette thématique du suicide et de ce qui peut nous aider à aimer la vie…
Même si l’histoire reste assez prévisible, il n’en est pas moins qu’elle se laisse lire, elle attire quand même dans un sens et on se plait dans la lecture. Elle apporte de bonnes réflexions et la sensibilité de l’héroïne est particulière, tout comme le fait qu’elle prenne soin de cette plante qui porte son nom, une des seules choses auxquelles elle est attachée (encore une chose qui m’a fait penser à « Léon »…).
Pour ceux qui seraient réticents d’ouvrir un manga qui parle de suicide, j’avais moi-même un peu peur en choisissant ce livre. Peur de ce qu’il allait me faire ressentir, ayant moi-même perdu un être cher de cette manière… Allais-je me retrouver choquée ou chamboulée ?
Et bien non, je vous rassure, rien de tout cela. Il est clair que ce n’est pas une lecture guillerette et que certains moments sont lourds. Mais au-delà de cela, tout n’est que suggestion, rien n’est glauque. Certains moments sont tristes, d’autres doux et poétiques et même parfois attendrissants…
Pas facile de se faire un avis tranché sur un premier tome qui pose beaucoup de bases en n’apportant pas énormément de réponses. Mais c’est un fait, nous avons envie d’en savoir plus ! On attendra donc le deuxième !
Pour en savoir plus:
La preview https://www.editions-delcourt.fr/manga/previews/derriere-le-ciel-gris-t01.html