BD Classic

Au centre de repos de Mulhouse, le trader Jeff en cure de désintox n’a plus osé revoir le vieux résident Engel depuis plusieurs jours. C’est finalement par l’entremise de sa petite-nièce Dido qu’ils se retrouvent et que l’ancien collabo, négociant en vin, peut poursuivre le récit de ses aventures passées. De son engagement dans les jeunesses hitlériennes, tandis que le reste de sa famille désapprouve totalement, des vignobles entretenus par son frère Antoine, sa sœur Fina et leur père… De la déportation de leur père emmené à Dachau.

Mon avis

Après un premier épisode paru en 2019, voici 4 ans plus tard le tome 2 fort attendu. Mais on comprend que l’auteur ait été occupé sur d’autres projets. En effet, Espé (Châteaux Bordeaux, Le perroquet, L’île des Justes…) a entretemps sorti 3 albums de Châteaux Bordeaux, et l’excellent « Col du Py » très touchant. Heureusement, le dernier album est annoncé pour octobre de cette année.

Dans cette saga familiale imaginée par Stéphane Piatzszek (Commandant Achad, Promesse de la Tortue, Cour des Miracles,…), on aborde le sujet de la guerre mais aussi celui de la vigne, cher à Espé.

Tout débute par la rencontre dans une clinique de repos à Mulhouse entre François Engel, vieux résident ayant collaboré pendant la guerre, et un jeune cadre dynamique accro aux substances et en cure de désintox. Engel va lui raconter son histoire et celle de sa famille vigneronne durant la guerre, et va le convaincre d’aider sa petite nièce à reprendre en main la gestion du domaine qui connaît de graves difficultés.

Le récit de Piatzszek est prenant et permet de se rendre compte des difficultés propres à l’Alsace qui entre 1870 et 1945 a changé 4 fois de tutelle, passant successivement de l’Allemagne à la France et inversement. Mais l’histoire reste plaisante à lire car elle retrace cette saga familiale avec Fina qui s’engage dans la Résistance, son frère François revenu désabusé de la guerre et qui s’occupe des vignes familiales, et le petit frère François qui s’engage dans les jeunesses hitlériennes.

Il nous délivre une phrase terrible que dit le nouveau proviseur M. Bleicher au jeune François Engel page 39 « Toi, tu es meilleur (…) car tu as une conscience raciste et c’est moi qui te l’ai insufflée ! »

Le trait de Espé est toujours superbe et bien documenté, et l’on voit son plaisir toujours intact de pouvoir dessiner les vignes. Ses belles planches sont illuminées par la colorisation de Katia Ranalli.

Maroulf