Edgar P. Jacobs : Le rêveur d'apocalypses
Scénariste : François Rivière
Dessinateur : Philippe Wurm
Coloriste : Benoit Bekaert
Editeur: Glenat
Mon avis
Superbe travail réalisé conjointement par François Rivière et Philippe Wurm ! Ce dernier avoue avoir travaillé sur cet ouvrage durant 7 ans, mais quand on aime on ne compte pas 😊
François Rivière (Victor Sackville, Agata Christie, Thiery l’audacieux) eu l’occasion de rencontrer le Maitre Jacobs à de nombreuses reprises dans sa maison du Bois des pauvres, à Lasne en Belgique. C’est sur la base de ces entretiens privilégiés et de son amitié avec jacobs qu’il a élaboré cette biographie avec Philippe Wurm et colorisée par Benoît Beckaert. Signalons aussi que l’on doit à Rivière l’album « La Fiancée du Dr Septimus » sorti également cette année en Français (déjà paru en néerlandais fin 2020).
Pour ce récit sur Jacobs, après une brillante préface d’Ever Meulen en introduction, le choix a été fait par les auteurs de découper la vie de Jacobs en 9 chapitres marquants de sa vie.
De 1919 au musée du Cinquantenaire ; ses amours de 1921 à 1928 et puis son mariage avec Ninie en 1930 ; sa carrière en tant que chanteur d’opéra entre 1931 et 1940 ; sa rencontre déterminante avec Hergé en 1941 et leur collaboration jusqu’en 1946 ainsi que ses débuts sur Flash Gordon pour Bravo en 1943 puis le Rayon U ; Blake et Mortimer évidemment qui publié dès 1946 dans l’hebdomadaire Tintin est un succès ; son installation avec sa nouvelle compagne Jeanne Quittelier dans la maison du Bois des pauvres à Lasne (chapitres l’Atlantide, le Piège, le Bois des Pauvres) ; et enfin le dernier chapitre consacré à ses mémoires et intitulé « Un opéra de papier ».
Bien entendu on y croise des tas de personnalités du monde de la bande dessinée tels ses amis Jacques Laudy et Jacques van Melkebeke dont il s’inspirera pour créer Blake et Mortimer, mais aussi tous les grands noms tels Jacques Martin, Hergé, Franquin, Evany, Maurice Leblanc, A-P Duchâteau,…
Philippe Wurm a véritablement décrit toute l’atmosphère de Bruxelles où Jacobs a vécu pendant 50 ans avec plein de vues de Bruxelles : Mont des Arts, Place du Jeu de Balle, Place Flagey, le Cinquantenaire, les Marolles, place Flagey, Galeries Royales Saint-Hubert,.. et où il place le parler bruxellois (ketje des Marolles, Caberdouche,…) et même un clin d’œil à Hergé avec Quick et Flupke et l’agent 15 en page 38. L’ensemble des vues est par ailleurs repris en carte sur les pages de garde de ce livre de 144 pages.
Il a mis tout son talent au service de cette histoire où l’on constate toute l’influence des éléments extérieurs sur son imaginaire (collections égyptiennes au Cinquantenaire, mauvais temps en arrivant à Lasne, …) tout en respectant au mieux la ligne classique Jacobs dont il se revendique un héritier. Ainsi par exemple pour ses dédicaces, il travaille avec un modèle prédécoupé pour être certain de ne pas dénaturer le trait de Jacobs !
En fin d’album, on peut y lire un dossier qui détaille l’homme qu’était Jacobs.
Pour les amateurs, signalons une édition en noir et blanc enrichie d'un appareil critique très dense (photographies, cartes postales, documents d'époque, notes, essais...) sur les coulisses de la création de l'œuvre de Jacobs et les recherches effectuées par Wurm et Rivière. Chaque page a sa contrepartie explicative !
Un must pour les fans de Jacobs et de son œuvre, avant les reprises par ses successeurs…
Maroulf