In Fine
Dessinateur : Mathieu Reynès
Scénariste : Mathieu Reynès
Coloriste : Mathieu Reynès
Coloriste : Valérie Vernay
Editeur: Dupuis
Alors qu'Harmony et ses amis prennent ce repos particulier que seul autorise le prélude aux grandes batailles, la terrible divinité Azhel se constitue une armée en éveillant à leurs dangereux pouvoirs de nombreux adolescents... Conscients que l'apocalypse approche, Harmony, Payne et Karl partent pour la Jordanie, à la recherche du tombeau de Nememtoth, frère et ennemi d'Azhel. Mais les stupéfiants pouvoirs d'Harmony seront-ils suffisants pour surmonter les dangers de la Cité sous le sable et vaincre Azhel ?
Voici donc la fin de cette série démarrée en 2016, à raison de plus ou moins un album par an. Même si nous n’avons pas eu la chance ici à la rédaction de chroniquer tous les tomes, avoir l’ultime numéro en main est aussi synonyme de débriefing sur l’entièreté de l’œuvre et c’est assez intéressant à faire.
Mathieu Reynès fait partie de ce petit club de surhumains qui sont à la fois au scénario et au dessin. Même s’il est accompagné par une coloriste (Valérie Vernay) et un concepteur 3D (Vincent Quirin pour les décors), la prouesse n’est pas moindre pour autant. La quantité de travail que cela doit représenter est bluffante. C’est encore plus remarquable quand le récit et le visuel sont bons. Et c’est le cas !
Évidemment, lorsque l’on choisit une BD, un comics ou un manga à chroniquer, c’est rarement quelque chose dont on n’apprécie pas le style, bien que cela peut arriver. Mais ici, Harmony m’a toujours fait de l’œil, depuis le tout début. Et suivre l’auteur sur les réseaux sociaux n’a fait qu’augmenter mon respect pour son travail. Il y a chez lui un côté punk un peu refoulé mais qui tend à donner à ses tracés une touche bien à lui. Il n’hésite pas non plus à nous soumettre ses influences, souvent nippones, dans ses décors notamment. C’est moderne et dans l’air du temps, certes, mais c’est surtout ce qui le définit et rend son style si particulier.
La lecture est facile, les protagonistes sont aboutis, uniques et le scénario parfaitement maitrisé. Tout au long des 7 volumes, une ligne rouge a été tracée et celle-ci finit par une conclusion bourrée d’actions, de revirements et d’étonnements. Une dernière note nous permet de croire en l’avenir (de la série ?). En effet, bien que Mathieu soit occupé sur un nouveau projet qui me semble très intéressant, appelé « La Théorie du K.O. », cette fin me laisse espérer qu’une suite pourrait être envisagée un jour… À suivre.
Et l’histoire dans tout cela ?
Il y a un grand défaut avec Harmony : c’est trop court !!! Beaucoup trop court !!! Nous ne sommes pas dans les coulisses de la genèse d’une série, j’imagine qu’il doit y avoir des accords entre l’éditeur et l’auteur, pour définir combien de tomes seront publiés. C’est une contrainte que le scénariste/dessinateur doit intégrer dans son processus de création. Il doit y avoir certains raccourcis, des prises de risques et une ligne de conduite à trouver. Et franchement, Mathieu s’en sort avec les honneurs. Jamais on ne se sent largué au bord du chemin avec son sac de questions laissées sans réponses. Jamais l’incompréhension ne prend la place de la satisfaction de lecture. Et si comme moi vous reprenez l’histoire depuis le premier numéro pour faire du binge-reading* (ce mot n’existe pas mais j’assume) afin de savourer ce dernier épisode et bien ce n’est que pur plaisir. Un excellent moment, trop court, passé aux côtés d’Harmony, Eden, Payne, Mah’ et les autres.
Merci monsieur Reynès pour ce très bon moment !
*Le binge-watching, binge-viewing ou marathon-viewing (visionnage boulimique selon la Commission d'enrichissement de la langue française1 et visionnage en rafale, visionnement en rafale ou écoute en rafale selon l’OQLF2), est la pratique qui consiste à regarder la télévision ou tout autre écran pendant de plus longues périodes de temps que d'habitude, le plus souvent en visionnant à la suite les épisodes d’une même série3. L'expression est construite par référence au binge drinking.
Dans une enquête menée par Netflix en décembre 2013, 73 % des personnes définissent cette frénésie par le fait de « regarder entre deux et six épisodes de la même émission de télévision en une seule séance »4.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Binge-watching)