Intégrale
Dessinateur : Pierre Seron
Scénariste : Pierre Seron
Coloriste : Pierre Seron
Editeur: Kennes
En guise de préface, par l’éditeur…
À la fin des années ‘90, Pierre Seron a déjà réalisé chez Dupuis près de quarante albums des « Petits Hommes » quand, poussé par sa compagne, il s'autorise en parallèle une
joyeuse récréation. Celle-ci avait remarqué que de plus en plus de fans lui demandaient des dessins de Cédille - le premier rôle féminin des « Petits Hommes » - dans des postures très sexy.
Elle s'est dit que cela pourrait être amusant de proposer à cette partie de son public de vraies histoires pleines de jolies filles délurées et court-vêtues. Ce qui n'était pas possible chez Dupuis l'étant chez Joker, il ne lui fallut pas longtemps pour convaincre
son artiste de compagnon de se lancer dans cette licencieuse aventure. « Les Petites Femmes » étaient nées !
Le premier album sort en 1999. L'esprit grivois de Pierre Seron, souvent latent jusque-là, s'y exprime cette fois sans retenue. Vous l'aurez compris, malgré son nom, « Les Petites Femmes » n'est en aucun cas un spin-off des « Petits Hommes ». Il s'agit d'une série de six albums, très coquins, qui ne laissent planer aucun voile sur les anatomies de leurs protagonistes, hommes ou femmes. Dans un libertinage effréné, ceux-ci se livrent sur des îles tropicales enchanteresses à toutes les fantaisies sexuelles possibles et imaginables. Mais toujours dans la bonne humeur!
Car c'est là le fondement de la série : le but est finalement moins de stimuler les sens que de faire rire, même si l'un ne va ici jamais sans l'autre... Jugez vous-même !
L’histoire de cette intégrale en quelques lignes…
Composée de 6 tomes, les éditions Joker (Kennes) ont décidé de remettre en valeur ses magnifiques « petites femmes » dans une très belle intégrale.
En voici les résumés succincts :
Le gabarit sacré (P&T 1999)
Suite au naufrage de son bateau, , un homme découvre sur une île déserte une bien curieuse peuplade de femmes toutes petites. Celles-ci proches des amazones l’emprisonnent car elles en veulent à son « bigoudi » pour se reproduire. L’homme se voit contraint et forcé d’obtempérer, mais il y a des punitions plus dures… Quoique !
Cette 1ère histoire est sans nul doute celle qui a connu le plus grand succès à sa parution ; certes, il y avait l’attrait, l’originalité et la nouveauté, mais il y avait surtout la nouveauté de voir ainsi des dizaines de clones de la fabuleuse Cédille (des petits hommes) avec des proportions diverses mais toujours désirables…. Le gabarit sacré avait eu à l’époque un très joli succès !
Les petites femmes et à plumes (P&T 2000)
Deux nouveaux naufragés apparaissent sur une île un peu plus loin que celle des petites femmes et tombent sur une peuplade encore plus étrange (si, c’est possible !) : celle des petites femmes à plumes ! Celles-ci sont sous le joug du Chef Coq qui s’avère cruel. Nos naufragés vont leur prêter main forte (pas que main, d’ailleurs)
Les petites femmes et les têtes de nœud (P&T 2001)
Au cours des siècles, différents naufragés ont abouti sur une île et alors qu’ils tentaient de faire passer le temps de manière adulte se sont vus pétrifiés !!! Comment est-ce possible ? A cause d’une peuplade volante de petites femmes bien étrange !
'Messie' le retour (Joker 2005)
Rhésus, frère de Jésus et fils de Dieu, prend conscience de la décadence qui menace l’humanité où tout n’est que luxure et plaisir coupable. Dieu son père, dans son immense bonté, exauce son vœux : apporter aux êtres humains la bonne parole. Et voilà Rhésus catapulté sur une petite île perdue au milieu de l’océan… Et au vu des habitants de l’île, Rhésus n’est pas au bout de ses peines !
À la recherche du sein grêle (Joker 2007)
De nuit, un jeune homme accoste sur une plage. Il pense d’abord être de retour en Normandie, sa terre natale, mais il s’aperçoit vite qu’il a échoué sur une petite île perdue au milieu de l’océan.
Celle-ci est peuplée d’autochtones aux mœurs très particulières : ils produisent beaucoup de lait, comme en Normandie, mais du lait de femme ! Notre jeune ami tente alors de comprendre ce phénomène, il n’est pas au bout de ses surprises !
VDQS – Vierges de qualité supérieure (P&T 2008)
Tom, le héros de cette histoire, vit sur une île déserte. Un jour, des gens venus de la mer incognito lui dressent une table chargée de victuailles et de grands crus et, sur son assiette, il trouve une sorte de pilule miracle.
Après l’avoir avalée, il doit très vite se jeter à la mer pour ne pas mourir asphyxié. A l’aise dans l’eau comme un oiseau dans l’air, il découvre au fond de l’océan, un peuple de sirènes amazones (les jambes couvertes d’écailles et les pieds palmés) qui entretiennent une guerre froide permanente avec une société d’hommes veufs vivant à proximité dans des bulles de lave volcanique.
C’est dans cette joyeuse ambiance que tout ce petit monde s’entredéchire sous les yeux navrés des petits poissons.
Ce qu’on en a pensé…
En permettant de relire les 6 tomes de cette série à la suite les uns des autres, mais avec 20 années d’écart sur la parution du 1er tome, on est frappé tout d’abord de l’intemporalité totalité folle du graphisme de Pierre Seron. « Comparaison n’est pas raison », mais on ne peut pourtant pas s’empêcher de rapprocher ces planches à celle du Maitre, Dany, qui a initié ce type de récit humoristico-pornographico-classieux avec sa série « Ca vous intéresse », chez Joker aussi.
Le graphisme de style « Gros nez » propre à l’école de Marcinelle est sans doute la principale différence entre ces 2 œuvres qui doivent assurément se trouver dans toutes les bonnes bibliothèques, mais ne gâche absolument pas la marchandise.
Deux bémols cependant :
- Les 3 premiers tomes sont assurément scénaristiquement divertissants et visuellement attrayants ; par la suite et surtout à partir du 5ème opus, le concept s’essouffle grandement avec des scénarios bien trop alambiqués et surtout le travail graphique de l’auteur est en déclin. A titre personnel, si j’avais acquis à l’époque de leurs sorties les 3 premiers, je n’avais pas été plus avant ; en découvrant donc aujourd’hui les scénarios des derniers volumes, je n’ai pas de regrets.
- La préface de l’éditeur est certes très intéressante et brosse en quelques lignes la genèse de cette série. Cependant, on aurait apprécié en savoir -beaucoup- plus sur sa conception, via un dossier composé d’images des archives de l’auteur, d’anecdotes, … Dommage quand on voit parfois les dossiers ultra-fournis d’autres intégrales.
Cette intégrale vise évidemment un public -très- averti car peu de choses sont cachées ; Elle sera un parfait cadeau de fin d’année « entre amis majeurs »
Milan Morales