Ma leçon de BD par Franquin
Dessinateur : Roger Brunel
Scénariste : Roger Brunel
Dessinateur : André Franquin
Scénariste : André Franquin
Editeur: Glenat
Roger Brunel est encore néophyte dans la bande dessinée lorsque son chemin croise celui de Franquin… En effet, alors qu’il fait ses débuts dans le métier et doit réaliser un mini-récit dans le cadre des « cartes blanches » du journal de Spirou, Jacques Glénat joue l’entremetteur et envoie le projet de planches à André Franquin.
Cette demande qui pourrait paraître anodine, on aurait pu imaginer que Franquin se contente de lui faire un bref feed-back basé sur quelques observations, va en fait se transformer en un véritable cours de bandes dessinées…
En effet, Franquin ne se contente pas de quelques observations. Pour chaque planche, il commente le découpage, la mise en vignette, la mise en perspective, la clarté du message… Et chacune de ces observations frappe par sa pertinence et l’efficacité de la dynamique qu’il engendre par rapport au dessin d’origine.

Brunel aurait pu se contenter de mettre dans ses cartons les observations de Franquin en se disant que finalement, elles ne concernent que lui. Il a eu au contraire la clairvoyance et l’humilité (car c’était mettre aussi ses maladresses du début en évidence) de partager à tout un chacun les remarques d’un maître de la bande dessinée dont l’usage est finalement bien plus universel qu’un commentaire individuel.
Formulées en 1972, les observations de Franquin sont encore tout à fait actuelles. Formulées d’un ton bienveillant, elles sont probablement encore bien utiles à une personne qui voudrait se lancer dans la bande dessinée ; elles ont également le mérite de montrer que derrière une apparente simplicité (une planche d’humour), il existe une réalité complexe qui suppose de faire des choix pertinents pour favoriser une lecture agréable par le lecteur et une bonne compréhension par lui du récit. Cet album d’annotation est finalement une bonne manière de retrouver le génie narratif et artistique de Franquin qu’il semblait néanmoins assumer comme une évidence et surtout avec une très grande simplicité.

Malheureusement, toutes ces observations pertinentes ne seront pas prises en compte, les planches ayant déjà été envoyées par Brunel à l’impression avant qu’il ne prenne connaissance du courrier de Franquin. Par la suite Brunel continuera son périple dans la bande dessinée et éditera ses « Pastiches » qui rencontreront un certain succès, il gardera un contact très positif avec le mentor de ses débuts !