BD Classic

Rêverie est un album divisé en chapitres qui constituent autant de petites histoires souvent assez différentes, mais marquées par des rencontres ou des phénomènes parfois un peu surnaturels Ces rencontres peuvent parfois être dangereuses, comme ce jeune homme qui disparaît après avoir fait l’amour avec une jeune fille qui présentait comme étant Jupiter et qui l’invitait à ne pas tomber amoureux d’elle… C’est aussi l’histoire triste d’une jeune fille qui décide de programmer sa mort et la tous les événements de sa vie les deux années qui la précède jusqu’au moment où elle rencontre quelqu’un qui redonne du sens à sa vie, mais c’est trop tard… Une autre histoire improbable est la rencontre nocturne d’un jeune homme avec Edward Hopper et Claude Debussy dans le fameux décor peint par Hopper, d’un tea-room illuminé la nuit… Avec eux, il refera le monde et discutera de l’art, mais au petit matin, il se demandera s’il n’a pas rêvé. C’est enfin l’histoire de cet auteur asiatique de BD qui est plein de connivence avec une autre jeune asiatique qui travaille en France, un petit quiproquo fait que ce sentiment naissant réciproque ne parvient pas à concrétiser une idylle naissante, des regrets sont ressentis lorsque cet auteur repart en Chine, laissant la jeune femme sur le tarmac…

Rêveries (avec un s contrairement au titre) sont  des histoires vécues par des personnages qui se croisent ou se fréquentent, passant souvent très près les uns des autres au gré des rencontres, mais sans que cela ne devienne vraiment une fusion entre eux, un peu comme des feuilles mortes qui s’envolent de manière aléatoire, se déposent les unes contre les autres avant de reprendre leur envol sur un nouveau coup de vent…

Rêverie n’est donc pas un récit complet, mais plutôt une suite continue de petites nouvelles où la poésie et le surnaturel ne sont jamais éloignés…

La meilleure manière de profiter pleinement de cet album est certainement d’écouter la Rêverie de Debussy en boucle ; à la fois en guise de prologue puis ensuite en léger bruit de fond pendant la lecture. La musique de Debussy aide à rentrer dans la poésie du récit… Je dirais même que ne pas faire cela, c’est perdre beaucoup de la délicatesse du récit, pour autant que vous appréciez un minimum la musique classique…

Avec Rêverie en musique de fond, on a envie de se laisser emporter dans cette vision improbable et décalée de la réalité, ces personnes qui se croisent, ce sont les notes de Debussy qui font de belles rencontres, légères et délicates.

C’est donc un manga bien poétique que nous offre Golo Zhao, la manière dont les personnages vivent au jour le jour me fait penser un peu à Taniguchi (qui avait aussi écrit… « Rêveries d’un gourmet solitaire ») même si celui-ci avait un trait plus « occidental » que Zhao. Une bien belle découverte que ce  »Rêverie »…