Les doigts glacés de l’oubli
Dessinateur : Jérôme Alquié
Scénariste : Jérôme Alquié
Editeur: Kana
Le résumé, en quelques lignes et selon l’éditeur…
Ce qu’on en a pensé…
Encore un revival ? Le capitaine Albator, du grand Maitre Leiji Matsumoto, fut l’un des tout premiers Anime qui a importé la Japanimation chez nous, avec le mythique Goldorak, puis le Capitaine Flam.
On parle ici d’une époque Pré-Club Dorothée, celle de Récré A2, soit la fin des années ’70, tout début des ‘eighties…. Sans ce trio, il est bien clair que notre monde actuel serait bien différent, tant ils ont influencé et construit notre pop-culture.
4 décennies plus tard, et hormis une bien piètre tentative de réécriture de Goldorak qui s’est soldée par un très mauvais manga (jamais sorti chez nous d’ailleurs), il semble bien que ce soit le Pirate de l’Espace qui revienne durablement sur notre planète manga…
D’une part, les éditions Shibuya-Michel ont annoncé fin mars 2019 que Didier Tarquin (le papa de Lanfeust !) planchait sur une bande dessinée « Albator », annoncé pour 2020 (cfr. cette news).
D’autre part, les éditions Kana éditent depuis quelques années déjà une refonte très réussie des différents univers de Matsumoto au travers de la série « Albator : Dimension Voyage » (dessiné par Koichi Shimaboshi, le #8 vient justement de sortir et sa chronique est online >> ici << ).
Mais la grosse surprise vient encore des éditions Kana, qui ont décidé de faire confiance à un jeune auteur français pour mettre en images de nouvelles aventures du Capitaine Harlock Albator, sous l’œil bienveillant mais vigilant de Sensei Matsumoto lui-même !
Un autre point concernant Kana est la création et le lancement d’une nouvelle collection « Classics » dont la particularité est d’accueillir des œuvres japonaises, mais dans un format et un esprit européen ! Je m’explique : un format BD (et non manga), dans le sens de lecture occidental, en suivant les canons européens (éléments détaillés tant au premier plan qu’à l’arrière) et bénéficiant d’une mise en couleurs totale.
Ce travail a été pour cette nouvelle série tellement bien réalisé, que dès l’ouverture sur la première page dessinée et mise en couleurs par Jérôme Alquié, on retrouve instantanément ses marques dans l’Albator de notre jeunesse, mais dont les graphismes auraient été totalement dépoussiérés et mis au niveau des canons actuels ! Bluffant…. Tant le lecteur quadra’ que celui qui ne connait pas l’anime est immergé et se laisse happer par cet univers ô combien envoutant !
Justement, pour le néophyte de l’œuvre, l’auteur a prévu un prologue d’une dizaine de pages qui resitue parfaitement le début de l’invasion des Sylvidres. Une fois ce chapitre 0 engloutit, tous les lecteurs sont prêts à suivre l’Arcadia et ses 41 hommes d’équipage au bout de l’univers connu.
Et puisqu’on évoque l’Arcadia, parlons-en! Jérôme Alquier a choisi le charaDesign originel de ce navire (la version bleue, sans tête de mort), qu’il a subtilement adaptée en l’effilant quelque peu sur la longueur, lui donnant un effet plus aéro assez subtil.
Le premier choc pour le lecteur averti vient avec l’abordage du navire marchand. Si le début de l’histoire est connue, de nouveaux éléments interviennent (le Frigigaz, les robots de combats) qui parviennent à nous surprendre.
L’autre aspect inhérent à ce monument était son côté poétique. Encore une fois, on voit que l’auteur est un fan absolu de l’œuvre : les retrouvailles Albator-Mayu (si si, la fille de son ami, celle qui joue de l’Ocarina !) sont très bien imagées…
Afin de préserver au maximum l’effet surprise de cette nouvelle aventure, nous ne vous dévoilerons rien de son histoire ; sachez cependant qu’il s’agit bien d’une nouvelle trame qui s’intègre parfaitement dans l’originale !
Allez, un point qui nous a juste fait sourciller :
Tous les personnages ont leurs noms de la version japonaise (Yataran, Kei Yuki,) et non Nausicaa, Alfred ou encore Stelli; Par contre, l’auteur a conservé le « Albator » français et non « Harlock ». On comprend bien pour le capitaine, mais pour les personnages secondaires ???
Graphiquement enfin, on est sur du très lourd : l’auteur parvient à rendre un immense hommage graphique à Leiji Matsumoto en reprenant tous ses codes graphiques, mais ne s’arrête cependant pas là : il est parvenu à insuffler sa patte dans cet univers, tant et si bien que le graphisme de la série « Next dimension » parait tout à coup bien fade…. La comparaison sans équivoque est le visage d’Albator…. Ténébreux mais tellement envoutant et mure dans cette représentation… On ne vous parlera même pas de ses ensorcelantes Sylvidres, éternelles roses empoisonnées ; aucun homme ne peut résister à leurs traits !
Même les couleurs « Photoshoppées » ne choquent pas (et pourtant on n’est pas grand fan de ce type de techniques).
Une franche réussite donc, d’autant que ses graphismes s’insèrent parfaitement dans une mise en page recherchée et dynamique !
A la réflexion, il ne manque qu’une seule chose à cette bande dessinée pour que l’immersion soit totale : on vous la livre en cliquant simplement >> ICI <<.
Malheureusement, ni Jérôme Alquié ni Leiji Matsumoto ne pourront coucher cette sublissime partition tout simple dans leurs planches et nous transmettre pareille émotion.
;)
Ce premier tome (l’histoire est établie en 3 volumes) est donc un immense hommage, mais qui parvient à vivre de par lui-même aussi ! Gros coup de cœur donc ; on attend la suite avec impatience.
Pour en savoir (encore) +…
- Cette nouvelle série n’est pas la première de Jérôme Alquié : on lui doit déjà chez Delcourt Jeunesse la série en 4 tomes « Surnaturels », ainsi que le 5ème tome de la série « Mythics ».
- Une édition collector limité à 3000 exemplaires propose une couverture avec illustration inédite, mais également un cahier graphique de 15 pages avec les travaux et croquis préparatoires de Jérôme Alquié.
- Et enfin, l’info de dernière minute, qui fait très plaisir : le second volume est annoncé depuis ce weekend ! Son titre sera « Les Ténèbres abyssales de l’âme » et est annoncé pour … Novembre 2019 !!!
Milan Morales