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Chronique BD: Chroniques de Francine R

Chroniques de Francine R., résistante et déportée

Dessinateur : Boris Golzio
Scénariste : Boris Golzio
Coloriste : Boris Golzio
Editeur: Glenat

La vie de Francine R commence de manière douloureuse. A l’âge de 9 ans, elle perd sa mère et ensuite son père. La famille composée de six enfants, trois garçons et trois filles et accueillie par les grands-parents malgré les réticences de la grand-mère, ils vivront chichement mais cela leur éviter l’Assistance. Pendant la guerre, les frères de Francine ont pris le maquis, les sœurs les informent discrètement des mouvements des Allemands.
 
Le 6 avril 1944, Francine et sa sœur, Marie-Louise, sont arrêtées par les allemands. Elles vont se retrouver emprisonnées à Roanne où elles seront interrogées. Si elles n’échapperont pas aux coups, elles éviteront le supplice de la baignoire (tantôt brulante, tantôt glaciale) dont on ne survit pas… Les deux sœurs tiennent bon et ne parlent pas. Elles seront transférées à Saint-Etienne et ensuite  dans d’autres prisons (dont le fort de Romainville) pour finalement être déportées au camp de concentration de Ravensbrück, entassées par groupe de 120 dans les wagons de marchandises, sans eau pendant deux jours, sans autre sanitaire qu’une « tinette » peu efficace au milieu du wagon..
 
Accueillies à Ravensbrück par des soldats allemands accompagnés de chiens menaçants, Francine et sa sœur vont subir le traitement habituel des prisonniers : déshabillage devant les soldats, tonte es cheveux et épouillage pubien, douches glacées et brûlantes, arrachage des dents en or, confiscation des bijoux et des lunettes,  coups et moqueries… Francine devra déshabiller des mortes avant qu’elles ne brûlent au four crématoire pour que leurs habits servent aux arrivantes, précisant que ce n’était pas marrant « parce qu’il y a des femmes qui bougent encore… ».
 
Les deux sœurs vont alors être séparées, Marie-Louise va être envoyée à Hanovre tandis que Francine va être envoyée au camp de Watenstedt-Leinde pour travailler dans les Reichswerke (usine allemande d’armement,…). Lors de son séjour à Ravensbrück, Francine aura eu la chance d’éviter la chambre à gaz de justesse ainsi que de servir de cobaye pour les expérimentations médicales des Allemands (à certains, on enlevait la moelle des os et ils mourraient dans la semaine). Le travail en usine était loin d’être une sinécure, Francine R devait se lever à 4h du matin où elle devait planter pendant 2 heures (rester 2 heures debout dehors quel que soit le temps), ensuite travail pendant 12 heures jusque 18h où elle restait à nouveau 2 heures debout dehors. Si quelque chose avait déplu, c’est toute la nuit qu’elle passait dehors pour recommencer à travailler ensuite. Les coups pleuvaient et la nourriture manquait, les conditions d’hygiène étaient déplorables. 
 
Le 23 avril 1945, le camp était libéré par les armées danoise et suédoise. Francine va d’abord être transférée dans un centre d’accueil en suède après avoir subi des examens médicaux, redécouvrant la sensation de manger à sa faim, de pouvoir se vêtir correctement. Le 11 juillet 1945, Francine est rentrée à Paris où l’attendait son grand-père. Celui-ci décédera trois semaines après le retour de sa seconde petite fille déportée, le 9 août 1945. Francine R est décédée le 25 mars 2003, elle aura eu le temps de transmettre ses mémoires à Boris Golzio qui réalisera la bande dessinée 14 ans plus tard…



Chroniques de Francine R., résistante et déportée fait partie de cet ensemble de pièces que constitue le puzzle de la mémoire. Chacune à sa manière rappelle combien les Allemands ont fait preuve d’atrocité, au-delà de l’imaginable. Une jeune femme comme Francine aurait probablement mené une vie paisible si la guerre ne l’avait happé. Combien d’innocents ont traversé des épisodes de vie tellement atroces qu’il ne nous viendrait même pas à l’esprit de souhaiter pour nos ennemis ? Les plus faibles car trop jeune, trop vieux, handicapés ou trop malades n’avaient aucune chance de survie. Ce qui a probablement sauvé Francine, c’est la force de sa jeunesse (elle avait 22 ans en 1944).

Les épisodes de sa vie sont expliqués simplement et c’est probablement ce simplement qui nous confronte à la réalité dans toute son atrocité. Pas besoin d’en rajouter une couche, les faits sont là et ils se suffisent à eux-mêmes.



Boris Golzio est fidèle au témoignage de Francine, ni plus ni moins mais ce témoignage est déjà glaçant en lui-même. Pour illustrer qu’il s’agit des propos de Francine, l’auteur cite des phrases de celle-ci et le style est oral. Cela donne peut-être une touche de véracité supplémentaire au récit mais en même temps je regrette qu’il utilise plusieurs fois l’expression « hein » qui n’apporte rien au récit et devient lourd à la longue.

Par contre, chapeau à l’auteur pour ce travail de mise en perspective historiques. Les propos de Francine  sont complétés par des informations historiques qui viennent étayer encore davantage le récit.

En ce temps où l’intolérance et les tensions entre pays  semblent plutôt s’accentuer, Chroniques de Francine R nous renvoie à la face combien il est important de se montrer vigilant par rapport à tout extrémisme et repli sur soi.

 Parce que ce témoignage mérite mille fois d’être partagé et parce que la lecture de cette bande dessinée atteint son objectif de nous sensibiliser, je donne sans hésiter mon coup de cœur pour cet album.

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