La rivale
Scénariste : Zidrou
Scénariste : Falzar
Dessinateur : Godi
Coloriste : Laure Godi
Editeur: Le Lombard
En quelques mots…

Ce qu’on en a pensé…
Dans bien des récits scolaires, il y a toujours « l’intello’ » du 1er rang qui n’a pas vraiment d’amis... Le plus parfait exemple à mes yeux est Agnan, du « Petit Nicolas » de Goscinny...
Craignant donc le pâle pastiche de cette oeuvre culte, j’y ai donc été à reculons, jusqu’à me retrouver coincer dans un coin de ring, tel Hitagaki (digression habile vers l'exceptionnelle chronique du manga de Boxe « Ippo , #17 »*) ; C’est à ce moment que notre habile rédakteur en chef Maroulf en a profité pour vite me déposer entre mes mains désemparées ce tome 2 puis à filer au petit trot vers d’autres sphères...
Pourtant, après 10 pages, j’ai apprécié la justesse des situations décrites : le banc de l’Amitié qui peut empirer le sentiment d’être un « sans-ami », les différents regards que l’on pose en fonction des intérêts, des amitiés ou des circonstances...
Voilà une BD 100% jeunesse qui a l’intelligence d’avoir plusieurs niveaux de lecture : les plus jeunes peuvent prendre plaisir au comique des situations exposées, mais on peut très bien amener le lecteur vers une transposition des faits relatés sur un vécu plus personnel... Finement joué, on « lit » bien que les 2 scénaristes, Zidrou et Falzar sont issus tous 2 du monde de l’enseignement !
* Les auteurs m’excuseront pour cette analogie quelque peu distendue, mais elle m’est apparue en découvrant la planche « Battling Léo » de la page 16 ;)
Par contre, j’ai du mal avec le graphisme de Godi : c’est un parti pris, mais je le trouve trop simpliste... Si je devais établir une comparaison, j’y trouve des ressemblances avec celui d’un Philippe Bercovici (les femmes en blanc), voire d’un Marc Wasterlain (les excellents Docteur Poche)...
Je n’aime personnellement pas les représentations graphiques de leurs personnages, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier les premières et de verser une larme rien qu’à l’évocation de la seconde série (ou presque)...
Au final donc, cette série -que je découvre- va très vite rejoindre les rayons de la bibliothèque de mes filles ; je suis sûr qu’elles l’apprécieront pleinement.
Le Quadra que je suis (et travaillant moi aussi dans le milieu scolaire) aura fait une belle découverte, remplie de justesse et de fraicheur !

Pour en savoir encore plus sur les auteurs... (selon l’éditeur)
- Zidrou a longtemps été instituteur. Problème : il rêvait d'une école intelligente, qui aurait appris aux enfants à penser plutôt qu'à bachoter avant l'âge ; une école tournée vers ses élèves, qui aurait pris en compte la réalité de leurs vies, de leurs problèmes. Devant l'impossibilité de la tâche, il a pris ses responsabilités et décidé de devenir scénariste de bande dessinée ! Et les ennuis avec l'administration éducative, il les laisse désormais à son héros le plus populaire," L'élève Ducobu". Ce dernier n'étant pas bégueule, il partage volontiers la sensibilité et l'humour de son créateur avec Tamara, adolescente tourmentée par son poids. Très prolifique, Zidrou est également l'auteur des plus réalistes, mais non moins sensibles, "Le Montreur d'histoires", "Tourne-Disque", "Lydie", "Folies Bergères", "Les beaux étés", "Les 3 Fruits" ou encore "Les Promeneurs sous la Lune". On lui doit aussi, plus récemment, la reprise du classique autant qu'indémodable "Ric Hochet", ainsi que celles de "Chlorophylle" et de "Clifton". Son cerveau humide de Belge résistant vaillamment à la chaleur de l'Andalousie, sa terre d'élection, il trouve encore le temps d'écrire des chansons, des albums jeunesse et des scénarios pour le cinéma! Quel homme!
- Même s'il a une formation d'instituteur, Falzar ne ressemble pas à l'instit Latouche. Il ne porte pas de tablier gris, pas de petite moustache sèche, ni de tristes pantalons. Néanmoins, il aime les enfants, comme son héros les aime aussi (si si, quoi qu'on en pense, Monsieur Latouche aime ses élèves !) La preuve, Falzar aime les faire rire. Sa nouvelle série, partie sur des chapeaux de rouge, en séduira plus d'un. Il n'est d'ailleurs pas à son premier coup de stylo. C'est en 1991, qu'il rencontre Zidrou, atteint du même mal que lui, et qu'ils décident ensemble de s'adonner à leur passion pour la bande dessinée. Leur collaboration donne de très beaux résultats ; de nombreuses pages d'animation et de gags dans « Spirou » (« Johnny Tétard » entre autres), des publications dans les magazines belges « Bonjour » et « Dauphin » et des séries comme « Margot et Oscar Pluche », chez Casterman, qui deviendra par la suite « Sac à Puces ». Falzar imagine aujourd'hui chaque semaine les gags de « Max et Bouzouki » dans « Bonjour ». C'est avec plaisir qu'il reprend le personnage de Latouche, héros d'abord imaginé par son meilleur copain de classe, Zidrou, et qu'il crée avec talent ses nouvelles aventures à l'école Saint-Potache.
- La première fois que vous verrez Godi, il vous rappellera invariablement quelqu'un. Mais si, attendez... ce sourire ineffable, ce pull rayé et cette douceur dans le regard... ? Mais c'est L'élève Ducobu, bien sûr ! Si, à l'instar d'un Flaubert, Godi se confond parfois avec sa création, c'est que tous les deux partagent cette lueur d'humanité qui fait cruellement défaut à l'école moderne. D'ailleurs, quelqu'un qui a commencé comme cartooniste ne peut pas être fondamentalement mauvais, vous ne croyez pas ? Si en plus il a continué en publiant ses premières planches dans le journal "Tintin", ça confirme grandement notre première impression !
Godi s'inscrit en droite ligne des grands anciens qui firent les riches heures du "Spirou".
Grâce à "L'Elève Ducobu", qu'il crée avec Zidrou en 1992, trublion au sein d'un système établi, il peut ainsi perpétrer l'esprit du maître.
Et l'avantage d'avoir pour héros le plus grand cancre de la BD, c'est qu'il n'est pas prêt de finir l'école. Nous allons donc pouvoir nous régaler quelques temps encore du travail de Godi ! Et depuis 2014, on découvre une autre facette de celui-ci avec sa reprise du personnage du plus célèbre lérot de la bande dessinée, "Chlorophylle", qu'il crée aussi avec son comparse Zidrou.
Milan Morales