Dessinateur : Takumi Ohyama
Scénariste : Takumi Ohyama
Editeur: Kurokawa
Le résumé, en quelques lignes…
Ce qu’on en a pensé…
Impossible de commencer cette chronique sans évoquer en préambule un parallélisme avec une autre série, éditée cette fois par les éditions Meian : l’exceptionnel « Kingdom* » ! Tous deux se déroulent durant les grandes guerres de Chine et nous content une part de cette histoire tragique. La grosse différence, mais qui fait aussi le lien entre ces 2 séries, est que « Kingdom » raconte le processus d’unification de toutes les factions qui composaient la Chine par un Roi, Ei Sei, tandis que notre manga « Bounder » lui se déroule quelques poignées d’années plus tard, lorsque cette Chine finalement unifiée subit le joug d’un cruel tyran, Qin Shi Huang.
Le parallélisme s’arrêtera cependant là, mais cette mise en relief était intéressante à faire…
Le jeune mangaka de ce one-shot de 384 pages, Takumi Ohyama, se base donc sur une histoire réelle : le despote de son histoire a réellement existé et ses affres n’en sont pas moins aussi horribles que celles racontées ici : Il mit fin à la période féodale en conquérant un à un l'ensemble des Royaumes combattants entre 230 et 221 av. J.-C. et devint l'unificateur de l'empire de Chine. Ce premier empereur standardisa d’ailleurs l'écriture, la langue, la monnaie, les poids et les mesures et est vu comme le père de la Grande Muraille de Chine.
Pourtant, si son œuvre pose les bases de la période impériale chinoise, c'est pour le caractère cruel et autoritaire de son règne que l'on se souvient surtout de lui… Sa dynastie lui survécut d’ailleurs moins de trois années, à la suite de quoi le pays replongea dans une guerre civile que seul le fondateur de la dynastie Han parvint finalement à éteindre…
Le préambule et l’aspect historique étant posé, passons à « notre » histoire. Pour qui n’est pas au courant tout d’abord, sachez que l’on découpe des membres et décapite ses adversaires très souvent ; sans repartir dans l’explication historique, une des raisons était que les soldats de cette époque touchaient une prime s’ils ramenaient la tête de leurs ennemis…. Dont acte, vous voici prévenu !
On suit donc les aventures d’un jeune garçon, en quête de vengeance envers l’Empereur et ses troupes qui ont ordonné le massacre de milliers de civils, dont ses parents…. Une mise en situation des plus classiques, qui rappellera non seulement -et encore une fois- « Kingdom », mais aussi l’excellent « Vinland Saga » (toujours chez Kurokawa) !
De bien belles références donc, qui laisse présager du meilleur pour ce one-shot.
Et c’est vrai qu’on est happé par le récit dès la première page : l’aventure est entrainante, on se prend de passion pour la quête de notre jeune héros, pour son inconscience juvénile.
Pourtant, arrivé au 6ème chapitre, le scénario n’est toujours pas très avancé…
Pire, on apprend qu’avant l’Empereur, il faudra d’abord défaire ses 3 grands généraux dont on ne sait toujours rien… et il ne reste que 3 chapitres avant la conclusion finale de l’histoire !
Et c’est malheureusement à ce moment que l’auteur réalise des ellipses énormes pour clore son récit, si bien que l’on ne suit plus notre héros que de manière indirecte, en suivant une sorte de résumé des évènements suivants.
Ce manga aurait pu dû être une très fresque historique (les repères historiques sont tous réels !), mais sans nul doute que le directeur éditorial de Takumi Ohyama en a décidé autrement, ne lui laissant que l’opportunité de clore en toute hâte son récit en 3 chapitres…
Triste vraiment, tant la base était prometteuse…
On retiendra néanmoins le graphisme et la mise en situation extrêmement bien ficelés de la part de l’auteur… Encore -presque- inconnu chez nous, nous garderons un œil sur ses futures productions.
* On va vous en parler très bientôt, n’ayez crainte… ;)
Milan Morales