Ayako
Série: Ayako, Tome Intégrale
Dessinateur : Osamu Tezuka
Editeur: Delcourt
Ayako est une petite fille comme les autres sauf que la destinée va en décider autrement, Ayako est en effet une enfant qui va naître dans une famille particulièrement perverse et tourmentée. Nous sommes au Japon et l’histoire commence très précisément le 13 janvier 1949. La guerre a été perdue et le gouvernement américain a imposé une série de mesures à la population japonaise dont la redistribution des richesses terrestres. Cette mesure a provoqué la décadence de la famille Tengé même si celle-ci forme encore un groupe conséquent.
A la tête de ce groupe, Sakuémon, le patriarche tout puissant qui impose tout ce qu’il veut à sa famille, en particulier à son épouse Iba et son fils aîné, Ichiro, persuadé qu’il va hériter des biens familiaux. Mais le ver est dans le fruit est il y est bien installé. On apprend progressivement qu’Ayako n’est pas la fille d’Ichiro, Sakuemon exerçant un droit de cuissage sur la femme de celui-ci.
On découvre que Jiro Tengé, le frère d’Ichiro, travaille en secret pour les services américains et va tuer l’amant de sa sœur sur leur commande. Pour éviter que l’affaire soit dévoilée, Jiro va également tuer une jeune fille un peu simplette au service de la famille et amie de Ayako. Lorsqu’il apprendra que Sakuémon veut faire hériter son épouse et pas lui, Ichiro la tuera à l’insu des autres personnes de la famille…
Pour éviter un scandale familial, Ayako va être enfermée dans une cave pendant 23 ans. Le plus jeune frère (avant Ayako) qui semblait au départ aussi le plus raisonnable, Shiro, va atomber à son tour dans les travers familiaux…
Lorsque Ayako, devenue jeune femme, sortira de sa cave, de nouveaux bouleversements mettront à mal la famille…
Il est difficile de résumer une brique de 712 pages d’autant que l’intrigue est assez complexe et, pour tout dire, plutôt glauque… Tout le libre décrit la déchéance d’une famille qui s’enfonce de plus en plus dans la décadence et l’ignominie (l’inceste, l’assassinat,…), à vous faire dégoûter du genre humain ! Contrairement à bon nombre de mangas, l’histoire est réaliste, le dessin traditionnel et les scènes actions pures sont plutôt rares…
L’histoire pourtant commence relativement gentiment mais très vite cela tourne à l’aigre et même au vinaigre. Tout est bon pour dissimuler les apparences jusqu’au moment du grand déballage (qui fait penser au film « Festen » si vous l’avez vu).
C’est pourtant un fameux exploit que réalise Osamu Tezuka (1928-1989) car ce livre est étonnement moderne pour un manga alors qu’il a été publié en 1972. Il faut dire que l’auteur semblait d’une créativité sans limite, réalisant 170.000 planches de BD sur toute sa vie (soit une moyenne de 7,5 par jour depuis sa naissance), il a eu la chance de se faire aider par des studios mais à mon avis il bat à plat de couture les studios Vandersteen (avec Bob et Bobette) pour une qualité nettement supérieure.
Malgré les 700 planches de cet album, on ne s’ennuie pas dans cette histoire aux noirs rebondissements, on découvre chaque fois de nouvelles facettes des personnalités de chaque membre de la famille… Ceci pourrait être facilement transposable dans un film voire dans une série télévisée, la famille Tengé valant bien celle de Dallas !
Réédité en noir et blanc, cette intégrale vaut le détour à plus d’un titre et constitue une belle porte d’entrée si vous voulez découvrir le style d’Osama Tezuka.