FRANCOIS MAINGOVAL ET ERIC ALBERT - CORPUS CHRISTI

Lors de fouilles sur le site de Petra, Thomas Bellec découvre le corps momifié du Christ. Une plaquette en araméen authentifie ce corps. Mais la preuve finale se trouve depuis 2.000 ans dans un coffre du Vatican. Chaque pape, au moment où il accède à la magistrature suprême, se voit révéler le secret ultime. Bellec veut garder le secret le plus longtemps possible, le temps de ramener la momie en lieu sûr mais La nouvelle s’ébruite rapidement. Certains veulent récupérer la momie à tout prix…
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Corpus Christi doit être le dixième (ou plus) album des éditions Sandawé, financé par les lecteurs devenus par la même occasion éditeurs. Corpus Christi aurait pu être un thriller ésotérique mais n’est est pas un, ici pas de jeu de piste à la code De Vinci, juste une trouvaille archéologique tellement énorme qu’elle risque de bousculer toute la religion catholique, si pas plus. Parce qu’en fin stratège, le scénariste François Maingoval va mettre en scène plusieurs « entités » qui vont vouloir s’accaparer ce bien à leur seul profit. Même si il s’agit du Christ personne n’a vraiment envie de partager, car tel est devenu le dogme de notre pauvre société. Et Thomas Bellec, ce pauvre archéologue belge, qui trimballe son propre Judas, va tenter de prendre la fuite et sauver « sa » découverte. Est-il pour cela meilleur que les autres ? Il se rattrapera vers la fin, laquelle, pour ceux qui se plaignent que la BD se termine un peu abruptement, reste ouverte et peut donner lieu à un deuxième volume. Le graphisme de Eric Albert, venu du dessin animé et de l’illustration est clair et se laisse lire… Le pauvre n’a pas été épargné par son scénariste, hélicoptères, charges de chevaux, ruines de Petra…

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© JJ Procureur


(François Maingoval) Ce n’est pas de la BD ésotérique, c’est une BD réaliste. Il existe un genre de Jésusland aux Etats-Unis, où le christ se fait crucifier tous les jours vers quinze heures, où tu peux manger des hamburgers… c’est d’un mauvais goût formidable, tout comme cette cathédrale en cristal, aussi réelle, aux mains d’une secte !
Tout ce qui se trouve dans le récit n’existe pas nécessaire mais pourrait exister, tout est plausible car il est fort possible qu’un jour on retrouve le corps du christ… il doit bien exister quelque part. Et si on retrouve le corps du christ cela ne remettra pas en cause la mentalité de la philosophie de la religion catholique qu’est la mort du prochain, cela remet en cause les dogmes de la résurrection du christ…

(Eric Albert) Le Vatican nous a donné un coup de pub remarquable avec la démission du pape ! Je terminais à peine la dernière page lorsque j’ai entendu la nouvelle et nous avons saisi cette occasion pour rebondir sur l’actualité.

(François Maingoval) Il a été prévu que le livre soit envoyé au Vatican mais je ne sais pas si cela a été fait. Il n’y a rien d’agressif dans cette BD par rapport à la religion catholique, d’ailleurs je l’ai offerte au vice-recteur de l’université catholique de Louvain qui l’a beaucoup appréciée !
Je suis incapable de dire comment j’ai trouvé l’idée de départ de ce récit, un jour une idée qui trotte dans votre tête et qui vous travaille… Mon grand-père est archéologue, il a trouvé le trésor de Liberchies, 300 pièces en or datant de l’époque du Christ. Moi-même, je ne suis pas l’archéologue mais il y a un peu chacun de nous dans ces personnages. J’ai essayé d’éviter les clichés, j’ai créé des personnages très crédibles, humains et même parfois pas très sympathiques…
Je connaissais Patrick Pinchard depuis des années, il y a une dizaine d’années il avait le site actuaBD et quand sa gestion est devenue trop lourde, je lui ai donné un coup de main. Voulant lancer Sandawé, il voulait des auteurs qui avait de la bouteille et il a flashé tout de suite sur ce projet. J’ai rencontré Éric et nous avons trouvé ce concept intéressant. Nous étions les premiers sur le site !
Au début il n’y avait pas d’échange entre les édinautes et nous, ce qui fait que le projet est resté assez longtemps sans financement, alors nous avons commencé à faire des dessins. C’était très lourd, contraignant, chronophage puisqu’il fallait alimenter notre page tous les deux trois jours. Il fallait affronter des édinautes très critiques qui s’acharnaient sur des événements qui en finalité perturbaient l’image. Il faut avoir l’intelligence d’écouter et pouvoir s’accaparer les bonnes idées, mais il y a des limites à ce genre d’échanges, il faut de la courtoisie.
D’ailleurs l’édinaute qui a donné la plus grosse somme au projet est devenu un des méchants de l’histoire et cela lui a fait plaisir !

(Eric Albert) C’est ma première BD. Je viens de l’illustration, du dessin animé, mais j’ai toujours considéré que je faisais de la BD même si c’est un rythme très différent. Il y a de formidables illustrateurs mais ils ne savent pas faire de BD. En fait, le but c’est de passer d’une case à une autre, de faire sortir le spectateur de la case pour l’obliger à aller à la case suivante. Si il s’arrête il ne lit pas. Il y a des dessinateurs très moyens comme Hergé qui sont de formidables raconteurs d’histoire, des accapareurs… Ce sont des récits qui se lisent avec les doigts, le doigt qui suit les cases et le dessin doit être au service du scénariste qui développe l’histoire… Une BD ne doit pas être trop riche, il faut un rythme, un tempo…
François et moi nous sommes rencontrés à l’occasion d’un projet pour l’écurie Jacques Martin, projet qui finalement n’a pas abouti… Si le public suit et si l’éditeur est d’accord un scénario pour le tome deux est prêt !

Corpus Christi (scénario F. Maingoval - dessins E. Albert) vient de paraître aux éditions Sandawé et il y a actuellement une exposition des planches originales à la Gallery du CBBD.
 

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