C'est un réel bonheur de retrouver Catel et José-Louis Bocquet aux commandes d'un nouvel album riche de pas moins de 400 pages, sans compter les annexes.
Tout comme leur précédent ouvrage Kiki de Montparnasse, les deux auteurs nous gâtent à nouveau avec le portrait d'une femme d'exception, Olympe de Gouges.
Qui est cette Olympe de Gouges me direz-vous ? C'est là qu'il faut remercier Catel et Bocquet d'avoir mis en lumière le destin de cette figure du féminisme du XVIIIème siècle tombée dans l'oubli de nos livres d'histoire, au chapitre de la Révolution française. Etonnant quand on sait qu'elle a côtoyé de grandes figures de son époque : Voltaire, Rousseau, Marat, Robespierre et tant d'autres.
Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748 à Montauban dans une famille bourgeoise, serait vraisemblablement la fille adultérine d'un dramaturge nobliau de la région.
Très jeune, Marie va très vite montrer une inclination pour tout ce qui a trait à la lecture (les prémices de la femme de lettres) et le théâtre.
Mariée par convenance et mère à 18 ans d'un garçon, Pierre, elle sera veuve un an plus tard.
Libre de mouvements et de pensées, elle prend le pseudonyme d'Olympe de Gouges.
Elle élève et éduque seule son fils (selon les préceptes de J.-J Rousseau) et fait la connaissance de Jacques Biétrix, son amant et protecteur durant presque toute sa vie.
C'est en sa compagnie qu'elle va quitter la province pour Paris. Ce voyage va marquer un tournant décisif dans sa vie.
Depuis son installation à Paris, Olympe côtoie le monde du théâtre au plus près et monte elle-même sa propre troupe de théâtre amateur. Plus tard, elle écrira de nombreuses pièces pour partager et faire entendre ses idées. Femme éclairée, elle suit aussi des cours dans un cercle savant.
Peu à peu, elle devient femme de lettres qui s'engage dans ses écrits pour l'abolition de l'esclavage (aboli en France en 1794) et surtout pour les droits des femmes, tant civils (le divorce) que politiques (le droit de vote et le pouvoir de siéger à l'assemblée).
En 1791, Olympe de Gouges va rédiger la "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne".
C'était une femme moderne, en avance sur son temps quand on sait que les Françaises ont dû attendre 1944 pour obtenir le droit de vote!
Femme de caractère, elle n'a pas peur de prendre position dans ses écrits, voire de créer la polémique, même dans la période trouble qui succéda à la Révolution française de 1789.
Opposée à Robespierre et aux ultras de la Révolution, Olympe, la girondine encline au fédéralisme commence à agacer. C'est en 1793 sous le règne de la Terreur que la guillotine aura raison d'Olympe.
Voilà pour l'histoire, petit résumé pour un album généreux.
Catel et José-Louis Bocquet ont eu la bonne idée de découper le récit en chapitres, séquencés par dates. Ce qui permet d'avoir une fluidité de lecture et de pouvoir ménager des temps de pause pour le lecteur au vu du nombre de page.
Pour l'avoir lu en plusieurs fois, je peux affirmer qu'on y replonge sans aucun problème.
Saluons le travail de longue haleine de Catel avec 400 planches de bande dessinée dont le dessin noir et blanc me fait penser par moment à des gravures issues de la technique de la linogravure.
La magie prend car on suit Olympe de sa naissance à sa mort sans jamais la quitter. Mettre nos pas dans les siens, permet de s'immerger complètement dans le récit. La recherche historique rigoureuse menée par les auteurs y est aussi pour beaucoup.
Un très bon et long moment de lecture en compagnie de cette femme d'exception.
Une vrai découverte pour ma part !
Gladys