Decorum
Scénariste : Jonathan Hickman
Dessinateur : Mike Huddleston
Editeur: Urban Comics
S'il est vrai que le meurtre constitue un dénominateur commun entre toutes les espèces, il n'en va pas de même pour l'assassinat, qui relève plutôt de... la vocation.
Nous voici donc avec ce très grand tome, qui donne envie et offre là une oeuvre bien atypique. Si Jonathan Hickman est connu pour sa faculté à entrer dans les détails de façon inégalée, il ne manque pas à sa réputation ici en nous livrant une histoire somme toute assez simple, mais enfuie dans un torrent d’informations dont il est difficile de ne pas s’y perdre, mettant en péril la dynamique même de l’histoire principale.
Nous avons affaire ici à deux fils conducteurs qui sans nul doutes sont liés d’une façon ou d’une autre et qui pour l’instant s’entre-croisent sans jamais vraiment se suivre. Le tome deux sera certainement révélateur pour toute cette intrigue mais en attendant, il est bienvenu de se laisser porter par le récit sans se débattre et accepter le flux d’informations tel qu’il est délivré. La partie qui suit la tueuse à gage Imogen Smith-Morley et son apprentie Neha Nori Sood est rythmée et parsemée d’une pointe d’humour qui la rend très attrayante et digne d’une bonne série d’action intergalactique. Dans l’ensemble, la partie new-wave est portée par le côté action, dans un contraste assez saisissant et déstabilisant. Le tout dans un délire graphique rarement vu!
Le graphisme justement, parlons-en! Il est signé par Sasha E Head dont il est difficile d’en savoir beaucoup plus. Il semble qu’elle soit spécialisée dans la création de cover pour romans américains mais cela me frustre de ne pas réussir à en savoir plus. Aucune idée de la façon ou du pourquoi elle s’est retrouvée embarquée dans ce projet hors-norme. Et si il l’est, hors-norme, c’est aussi grâce à son travail qui est tissé comme un fil d’or dans toute cette intrigue, apportant des données, parfois non essentielles mais qui donnent l’impression que l’histoire est posée sur une base très solide de faits. Elle a un style qui convient parfaitement à ce space opéra, à la fois très épuré et moderne.
Et comme si cela ne suffisait pas, plusieurs styles graphiques s’entre-choquent tout du long, apportant une dynamique bien singulière et plutôt intrigante à l’ensemble. Alors le revers de tout cela, c’est que ça va amener deux avis bien tranchés: on aime ou on déteste! Je fais partie des premiers et j’ai du mal à définir cette oeuvre, art moderne ou comics hallucinogène? Qu’importe à vrai dire, tant l’objet est magique et enivrant, une fois franchi le mur de données reçues. Un très beau moment pour les yeux et ma seule crainte serait que le deuxième tome soit trop court pour finaliser le scénario, en sachant que Hickman a réduit de moitié les volumes initialement prévus, pour cause non-connue…
C’est un comics que je vous conseille pour ma part, une pépite qui trônera fièrement dans votre collection, et qui risque d’ailleurs d’y jouer des coudes, vu sa taille imposante!
Pour en savoir plus sur ce nouveau format, voici le communiqué de presse d‘Urban à ce sujet:
Chers·ères libraires & lecteurs·rices,
À partir de mars prochain, nous publierons sous la marque « URBAN » trois séries – le diptyque Decorum de Jonathan HICKMAN & Mike HUDDLESTON, la trilogie d’intégrales East of West de Jonathan HICKMAN & Nick DRAGOTTA, et la tétralogie Le Dernier des Dieux de Philip KENNEDY JOHNSON & Riccardo FEDERICI –, dans un format jusqu’alors inédit sous nos latitudes, proche des dimensions d’un album franco-belge.
Fidèle à cette volonté de promouvoir la culture comics qui nous anime depuis bientôt 10 ans (eh oui), l’idée derrière cette initiative est clairement d’élargir encore et toujours le lectorat potentiel de nos titres.
Aussi, au-delà de leurs origines anglo-saxonnes, nous avons vu dans ces titres le potentiel pour intégrer les rayons généralistes des bandes dessinées de genre S-F et fantasy.
En généralisant le cartonné sur l’ensemble de nos catalogues dès notre création en 2012, nous avons déjà su trouver et élargir le rayon des lecteurs·rices de comics. Avec ce nouveau format, nous faisons un pas supplémentaire dans cette direction en sensibilisant un lectorat toujours plus large à ces productions qui, avant d’être des comics, sont avant tout d’excellents récits.
Aussi, à titre d’exemple, nous sommes convaincus qu’une série comme Decorum ou East of West trouvera parfaitement sa place entre L’Incal d’Alexandro JODOROSWKY & MOEBIUS, Universal War One de Denis BAJRAM et Shangri-La de Mathieu BABLET. De la même manière que Le Dernier des Dieux ne dépareillera pas parmi les ténors de la fantasy européenne telles la récente adaptation du Elric de MOORCOK ou encore le vénérable Terres d’Ombre de Christophe GIBELIN & Benoît SPRINGER.
Nous avons également profité de l’occasion pour faire évoluer notre charte graphique dans ce sens, tout en veillant à conserver notre identité éditoriale.
Nous espérons que le résultat vous plaira et vous remercions par avance pour l’accueil que vous réserverez à ces albums.
Bien à vous,
L’équipe Urban