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Chronique BD: Georges et Tchang # 0

Une histoire d'amour du vingtième siècle

Série: Georges et Tchang, Tome 0
Dessinateur : Laurent Colonnier
Scénariste : Laurent Colonnier
Coloriste : Laurent Colonnier
Editeur: Glenat

Bruxelles, 1934, Hergé vient de quitter la rédaction du Petit Vingtième et rame financièrement même si son personnage de Tintin s’est déjà fait une belle réputation, il complète ses revenus en dessinant pour des publicités.
Hergé souhaite créer une nouvelle aventure pour Tintin, mais qui s’inscrirait davantage dans le réel que les albums précédents. Pour se documenter, il va rencontrer un jeune sculpteur qui fait ses études en Belgique : Tchang.
Très vite une amitié nait entre Georges et Tchang qui deviennent quasi inséparables. Ce dernier l’initie à l’art du trait au pinceau, à l’art chinois, au communisme, mais aussi à l’opium en l’emmenant dans une opiumerie à Anvers.
Malgré son amour pour Germaine, une certaine ambiguïté va s’installer dans cette relation entre le dessinateur et le jeune homme au point de créer une certaine jalousie (un doute ?) auprès de Germaine.
Ce que Tchang ignore, c’est que des anti-communistes n’apprécient pas l’image qu’il donne à son pays, ils tentent de l’assassiner. Tchang doit partir précipitamment, il ne pourra que saluer de loin son ami qui vient de le rejoindre sur le quai de la gare…

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Pour avoir eu l’occasion de rencontrer Laurent Colonnier lors d’une séance de dédicace, l’idée initiale a été de faire la nique… à Nick Rowell et les héritiers de Hergé en pleine période d’intolérance par rapport à tout qui osait s’approcher de « l’héritage » Tintin (l’album est paru en 2012). Il ne m’appartient pas de juger si cette « protection rapprochée » se justifiait, mais il est vrai que toute personne qui s’aventurait à approcher le thème de Tintin d’une quelconque manière s’exposait à se retrouver devant un tribunal.

Comme le personnage de Tintin était intouchable, Laurent Colonnier a eu l’idée de s’attaquer au personnage… d’Hergé ! Celui-ci n’était pas couvert par les droits d’auteur… Colonnier va alors établir ce récit imaginaire, mais en le truffant de faits réels et de clins d’œil à des scènes des aventures de Tintin. L’auteur va d’ailleurs avoir du mal à trouver un éditeur, ceux-ci craignant des conséquences juridiques s’ils osaient publier ce type d’ouvrage… Ce sont les éditions 12 Bis qui ont eu ce culot à l’époque et l’album a rencontré un certain succès.



Le fil rouge du récit est la relation d’amitié entre Georges Rémi et Tchang, amitié réellement très profonde. Colonnier va pousser le curseur un peu plus loin en posant l’hypothèse (impertinente il est vrai) de la naissance d’une relation amoureuse entre les deux hommes, mais tout en laissant dans le récit une certaine ambiguïté, rendant cette hypothèse plausible…

Au-delà de ce contexte plus « touchy », l’auteur a pris un malin plaisir à dessiner Hergé dans un état second après avoir consommé de l’opium avec Tchang, mais également toute une série de référence directe ou indirecte à l’univers de Tintin. On y découvre un Hergé plutôt cabotin, ne dédaignant pas de faire des pointes d’humour ; ce qui est en soi assez cohérent avec l’humour présent dans ses bandes dessinées..

Les puristes diront que ce récit est une caricature de la vie d’Hergé et manque de rigueur historique en déformant la réalité, les autres (plus nombreux probablement) trouveront l’approche de Laurent Colonnier plutôt créative et originale, apportant « un certain regard » sur le maître de la bande dessinée.

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