La cible
Dessinateur : Marc Bourgne
Dessinateur : Benjamin Benéteau
Scénariste : Denis Lapiere
Editeur: Dupuis
Précédemment, dans « Michel Vaillant, saison 2 »…
Confronté aux nouveaux enjeux sportifs et technologiques, le clan Vaillant doit faire face aux évolutions de l'industrie automobile, mais aussi aux mutations de la société.
Et de sauver la cohésion familiale, malgré les convictions contradictoires des uns et des autres.
Le résumé de ce tome 12, en quelques lignes…
Depuis la mise à la retraite du fondateur de l’entreprise, Henri Vaillant, c’est Françoise (l’épouse de Michel Vaillant) qui est aux manettes de la société.
De son côté, Steve Warson revient petit-à-petit à ses premiers amours : la course, délaissant ainsi de plus en plus sa carrière politique aux USA.
Mais pour quelle raison donc a-t-on engagé une redoutable tireuse d’élite en lui mettant un contrat sur la tête ?
« Si sa voiture fonce vers moi à 300 km/h, ma balle ira vers Steve à 3500 km/h ! » Terrible parole de sa part, à l’entame du centenaire des 24h du Mans …
Ce qu’on en a pensé…
La couleur est annoncée dès la couverture, appuyée encore (et surtout !) par une illustration-choc en page de garde où l’on voit une balle traversé un cockpit et un casque de pilote.
En refermant le tome précédant et à l’aune du titre de ce nouvel opus, on imaginait que l’ex-sénateur Steve Warson serait bien la cible mais plutôt d’un bashing dans les médias, lié à ces propos en of (il arrêtera sa carrière de politique après avoir pousser son co-listier vers la lumière à sa place).
La série dans sa nouvelle mouture a parfaitement réussi sa mue : d’une série exceptionnelle durant des décennies, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même dans ces dernières années (même pour le grand fan de F1 que je suis !). Depuis, sous l’impulsion initiale du fils de l’auteur originel, Philippe Graton, et avec la Team qu’il a su reconstruire autour de lui, la série est à nouveau sur les rails.
On ne pourra dés lors s’empêcher de voir un processus Méta derrière ce renouveau : le produit « Michel Vaillant » est à nouveau au cœur du IXème Art, tout comme la marque Vaillante a pu rebondir grâce à la famille Vaillante et à sa nouvelle CEO.
Un mot sur elle, justement : d’un personnage féminin secondaire lambda, les auteurs ont réussi à lui donner véritablement « Corps & esprit » :
Sa promotion n’est pas juste un vœu pieu de féminisme : elle incarne parfaitement la CEO battante, franche et apportant sa propre touche, tout en empruntant les traits d’une Sophie Marceau « Quadra » par Marc Bourgne…. L’hommage est beau et surtout fin ! Bien joué : on croit totalement à ce renouveau (pourtant, on vient de loin avec la Françoise initiale des années ’70), et à ce nouveau combat qu’elle va devoir mener !
L’autre aspect graphique, celui qui a fait aussi le succès de la série, c’est évidemment les représentations des voitures, associées aux bruits moteurs leurs collant à la carrosserie ! Benjamin Bénéteau connait parfaitement son sujet et nous délivre ici des planches totalement bluffantes de réalisme ! Ce dessinateur a réussi à prendre l’ADN des dessins de Jean Graton tout en se les appropriant à la sauce « 2020 ».
Deux bémols après la découverte de ce nouvel opus :
Le premier porte sur -et a toujours été depuis le début- les visages en gros plan souvent figés, et notamment celui de Steve Warson. C’est un avis personnel, mais j’ai toujours du mal avec ce type de traits (je fais le même « reproche » aux personnages mis en scène par Rodolphe, monument de la BD SF !)
L’autre faiblesse est le scénario : Denis Lapière sème tout d’abord divers petits cailloux scénaristiques, mais peine ensuite à les rassembler :
- Warson va abandonner la Politique, ok, on l’a intégré dans le tome précédent, mais rien de neuf dans ce tome ;
- Bob Cramer dit à Vaillant que son ami sénateur a fait des choses vraiment moches, mais on n’en saura pas plus ;
- Idem sur le nouveau combat de Françoise : il est évoqué en début de tome, puis on n’en entendra plus parler jusqu’à la fin où elle dira juste un « Je t’expliquerai » à son mari de pilote.
Enfin, la trame principale ce tome se révèle juste être une banale confrontation « tueuse à gage engagé par des méchants extrémistes US qui veut tuer un gentil homme politique du Texas ». Et que dire du rôle pitoyable donné à Bob Cramer…. Les auteurs ont déjà tué par le passé certains personnages ; ils auraient vraiment du faire de même ici avec lui, tant il est vide et sans aucun intérêt.
Cependant, l’histoire est sauvée par tout l’Univers Vaillant et les intrigues de courses qui se révèlent diablement envoûtantes, une fois encore.
Saluons aussi le fait que celui qui donne son nom à la série est mis en retrait pour faire gagner son équipe, comme souvent depuis cette nouvelle saison !
Pour en savoir plus :
Les éditions Dupuis ont l’excellente idée de réaliser un concours mettant en jeu mensuellement un album de leur catalogue. Jusqu’au 30 juin, tentez votre chance en suivant ce lien : https://www.dupuis.com/catalogue/FR/concours.html