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Chronique BD: Billie Holiday # 0

Billie Holiday

Série: Billie Holiday, Tome 0
Dessinateur : José Munoz
Scénariste : Carlos Sampayo
Editeur: Casterman

Lorsqu’un journaliste reçoit la tâche de rédiger un article commémorant les 30 ans de Billie Holiday, il ne sait même pas qui c’est. Pourtant, en journaliste consciencieux, il va avoir à cœur d’en faire une description la plus objective possible…
Il va découvrir une chanteuse dont le parcours sera loin d’être une success-story à l’américaine. Au contraire, Billie Holiday en a bavé bien plus que beaucoup d’autres, cumulant le fait d’être noire de peau et d’être une femme.
Dès sa jeunesse, Billie Holiday est amenée à devoir se prostituer ; ce qui l’amène probablement également à consommer des drogues (à moins que ce ne soit l’inverse), elle consomme également énormément d’alcool.
Grâce au succès, elle gagnera pas mal d’argent, mais n’en verra jamais vraiment la couleur, ses « compagnons » successifs lui soutirant ses biens lorsqu’ils ne la frappaient pas.
Seule exception, son compagnon d’infortune, un certain Lester « Pres » Young dont Billie appréciait tant la musique que l’aspect relationnel sans que cela ne devienne nécessairement sexuel… Jaloux de cette amitié, son compagnon du moment, Rufus, va la tabasser et l’abandonner nue dans un endroit désertique…
Billie Holiday devra souvent subir également les brimades de la police, sa musique est fort appréciée par les Afro-Américains, mais dénigrée par la population blanche encore fort raciste.
Le 17 juillet 1959, elle décède à l’âge de 44 ans dans un hôpital, encadrée par deux policiers. Après avoir découvert cet artiste peu commune et terminé son article, le journaliste se dit qu’il va aller acheter son intégrale…



Fameux parcours que nous décrivent Munoz et Sampayo dans cette nouvelle édition parue initialement en 1991 (et prépubliée dans la revue « À suivre » en 1990). Il s’agit d’une édition enrichie à plusieurs titres. D’une part, la couverture est en dur par rapport à la version originale cartonnée. Deuxièmement, l’album comprend un supplément au début, expliquant la vie de Billie Holiday (photos à l’appui) et se termine par un cahier de croquis démontrant le savoir-faire indiscutable de José Munoz.

La qualité de l’impression est aussi remarquable, car elle met en valeur la maestria de Munoz dans sa gestion des noirs et blancs (je la trouve personnellement encore davantage maîtrisée que Hugo Pratt qui est pourtant loin d’être un amateur en la matière). J’ajouterais que dessiner une population de type africain en noir et blanc est un exercice qui est loin d’être facile…



Pourtant Munoz y parvient très bien et crée des ambiances toutes particulières grâce à sa technique bien maîtrisée. La scénarisation de son comparse (ils ont signé à deux des classiques comme « Alack Sinner » ou « Le bar à Joe ») s’inscrit dans cette mise en ambiance et décrit un monde dur où la pitié et la solidarité ont peu de place. Rien de tel que le noir et blanc pour se plonger dans une ambiance bien sombre…

Bien qu’il s’agisse d’une réédition, il me semble tout à fait opportun de donner mon coup de cœur à cet album dont l’excellente qualité de cette nouvelle édition (impression, ,bonus…) doit inciter le lecteur qui n’était peut-être pas encore en âge de lire des BDs adultes en 1991, à se pencher sans tarder sur cet album extrêmement travaillé et aux qualités graphiques indéniables.

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