BD Classic

Si le fait de dessiner une page par jour dans un agenda en imaginant une histoire qui se construit au fur et à mesure est un vrai challenge que s’est imposé Olivier Grenson, c’est d’abord et avant tout pour moi, une formidable épopée poétique et onirique.

Dans le contexte du confinement, l’auteur nous invite à l’évasion, à dépasser nos frontières du réel. Pour nous aider à prendre du recul, il parsème sur certaines pages de son agenda des citations comme : « Si le monde n’a aucun sens, qui nous empêche d’en créer un ? » (Lewis Carroll) ou « Le cœur est une fleur qui émerge d’un sol de pierres, après le déluge, toutes les couleurs resurgissent » (U2, Beautiful day).

Mieux encore, Olivier Grenson nous transmet ses émotions et les transpose à ses personnages comme le décès de Bretecher, d’André-Paul Duchâteau, d’Annie Cordy ou de Christophe. Le nageur solitaire est invité à dire des « mots bleus » ou se met à chanter « Cho K Kao », il s’adapte donc à l’actualité.

Les différentes phases du confinement et déconfinement découpent de manière un peu aléatoire cet espace-temps et des annotations sur des événements médiatiques tels qu’une marée noire ou une explosion à Beyrouth nous renvoie à une réalité qu’on avait presque envie d’oublier…

Ce qui frappe aussi dans cette manière originale de développer une histoire, c’est la qualité superlative du dessin, même si le support n’est pas un papier gramme, mais un « bête » agenda, on est très loin des croquis griffonnés à la va-vite sur le coin d’une table, chaque case pourrait faire l’objet d’une lithographie, excusez du peu !

Pour cette démarche originale, mais aussi pour la qualité du dessin et la poésie (philosophie) du récit, un coup de coeur me semble s’imposer. Je ne sais pas ce que Olivier Grenson fait de ses anciens agendas, mais s’il les met aux vieux papiers, je veux bien les récupérer !