Paul et Pauline
Dessinateur : H. Tonton
Scénariste : H. Tonton
Coloriste : H. Tonton
Editeur: Kennes
L’histoire de ce 1er tome, en quelques lignes…
Senlis, 1954.
Un taxi s’arrête devant la maison de Madame Zûmer. La jeune Sarah en descend pour remettre à l’occupante un vieux carnet empli de notes : le journal de son frère Paul, disparu durant la guerre.
Corrèze, 1944.
La jeune Pauline s’occupe seule de la maison familiale dans ce petit village déserté. Et comme si cette tâche n’était pas déjà gigantesque pour une jeune fille de 14ans, elle a encore la gentillesse de s’occuper des maisons de ses voisins, partis loin eux aussi. Les temps sont durs et Pauline espère tous les jours recevoir des nouvelles de ses parents, réquisitionnés par l’ennemi pour construire le mur de l’Atlantique.
C’est dans cette ambiance appesantissante, dans ce village sans vie, que débarquera une brigade de la Wehrmacht. Obligée de fuir en catastrophe, Pauline fera alors la plus impromptue des rencontres dans une vieille ferme abandonnée : un vieil homme blessé et bougon. A eux deux, ils décident d’unir forces & connaissances pour rejoindre la Mer, là où Pauline pourra retrouver ses parents…
Ce qu’on en a pensé…
Ces 2 personnages hantent l’atelier de l’auteur depuis près de 8 ans.
Je me dois d’être honnête : à la base, je n’étais pas destiné à chroniquer cet ouvrage, qui se situe bien loin de ma zone de lecture habituelle.
Et puis en voyant sa couverture ressemblant jusqu’au grain du papier à une peinture, j’ai été saisi d’une envie d’ouvrir l’œuvre, d’entrevoir si l’auteur ne nous avait pas « juste » fait une couverture tape à l’œil… un seul regard sur la luminosité des planches, et sur ce trait si doux a suffi pour me convaincre : je devais en savoir plus !
Chaque planche est une œuvre à elle seule : les traits des personnages, les bâtisses, les paysages en arrière-plan, tout est fin, ciselé avec une maitrise du geste presque parfaite ! Mais là où la magie opère, c’est avec la colorisation à l’aquarelle : il se dégage de cet album un vraie impression de douce réalité un peu ouatée, avec des longs aplats travaillés donnant une vivacité, une luminosité magnifique. Quel travail d’orfèvre !?! Avant ce tome 01, je ne connaissais pas le travail de Yannick H. Tonton, mais on se situe entre du Loisel avec du Gibrat sur les ambiances, le tout croisé avec un autre dessinateur : Naoki Urasawa (mangaka culte, à qui l’on doit Monster, XXème Century Boy…) !
Pour autant, tout ce crédit n’est pas dû qu’au travail de l’auteur. Il faut reconnaitre que l’éditeur a -lui aussi- fourni un travail d’impression, de maquette et de finition impressionnant, donnant l’illusion que les planches sont imprimées sur du beau papier dessin ; je me suis même surpris plusieurs fois à caresser littéralement les pages, m’attendant à sentir le grain de la feuille ?!? Qu’il est doux de voir que chaque étape de fabrication tend vers la perfection !
Ce souci du détail, cette envie d’offrir au lecteur un « beau » livre est une réelle marque de fabrique pour les éditions Kennes ! Bien de plus grandes maisons d’édition devraient en prendre exemple…
Cette histoire est un diptyque complètement envoûtant par sa beauté graphique et sa richesse dans l’écriture. On suit de près un Road Trip transgénérationnel qui avance à la vitesse de la chaise roulante de Paul sur les chemins de la Corrèze : c’est lent, mais on en prend plein la vue et on recharge à plein pot notre palpitant de belles émotions…
Un dernier mot enfin, toujours sur cette histoire : le cliffhanger final est totalement inattendu, il propulsera cette histoire dans une toute autre direction, que nul n’aurait pu prédire !
Bien joué, on n’y a vu que du feu !
Pour en savoir sur H. Tonton…
Né à Chartres, H. Tonton dessine sa première planche à l'âge de 12 ans.
Ses lectures de Gaston Lagaffe et des Petits Hommes lui inspirent nombre de personnages au nez développé comme Zuzu, Super Tonton, Hervé ou encore Jérémi le Vagabond.
En 1990, la découverte de l'œuvre de Loisel vient bousculer son graphisme ainsi que son univers. Autodidacte, H.Tonton se lance alors dans des histoires fantastiques plus importantes en vue d'une première édition.
De 1994 à 2021, il a partagé son temps entre l'enseignement et la réalisation de BD, pour la plupart en tant qu'auteur complet.
Aujourd'hui, il se consacre entièrement à sa passion qu'est le 9ème Art.
Milan Morales