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Chronique BD: Chez toi # 0

Chez toi

Série: Chez toi, Tome 0
Dessinateur : Sandrine Martin
Coloriste : Sandrine Martin
Scénariste : Sandrine Martin
Editeur: Casterman

Mona est syrienne, originaire de Homs. Comme bien d’autres, elle a dû fuir les combats avec son compagnon. Après un périple particulièrement dangereux et difficile, comme malheureusement la plupart des migrants, elle est arrivée à Athènes où elle est parquée avec son compagnon dans un aéroport désaffecté, ré emménagé en camp de réfugiés de fortune. Lors d’une consultation médicale chez Médecins du Monde, elle apprend qu’elle est enceinte…
Monika est grecque et travaille comme sage-femme pour Médecins du monde, son mari, bien que très qualifié, n’a pas d’emploi dans cette Grèce désargentée… Monika doit se battre avec les gynécologues locaux qui priorisent de manière excessive les accouchements par césarienne, elle doit aussi essayer d’affirmer son indépendance par rapport à ses beaux-parents qui hébergent sa famille et logent au-dessus de celle-ci, en exerçant une influence pas toujours facile à vivre.
Mona et Monika, ce sont deux destins qui vont se croiser, chacune envie l’autre sans toujours mesurer le poids porté par l’autre. Les deux femmes s’apprécient et vont créer une relation amicale.
Mona et son mari veulent partir en Allemagne afin d’y rejoindre de la famille. Ils vont finir par trouver un stratagème pour y aller malgré plusieurs déboires. Une nouvelle vie les attend, mais aussi beaucoup de nouvelles difficultés…



J’ai déjà eu l’occasion de chroniquer plusieurs romans graphiques évoquant le thème de la migration. Je pense à « L’odyssée d’Hakim » qui démontre le parcours de combattant d’un homme qui cherche juste à trouver des conditions de vie décentes avec son enfant en bas-âge. Je pense également à « Les oiseaux ne se retournent pas » qui avait adopté une approche plus poétique et imagée de cette transhumance forcée…

« Chez toi » adopte davantage une approche sociologique ou anthropologique du parcours des migrants. L’auteure, en collaboration avec une anthropologue,  s’est rendue sur place pour constater la situation sur le terrain. En reprenant le parcours réel de plusieurs migrants, elle en fait l’histoire condensée de Mona. Le résultat est un certain réalisme pour ne pas dire un réalisme certain, mais en même temps, je trouve qu’on y perd peut-être un peu en densité humaine. Mona et Monika m’ont moins touché que Hakim…



Cela ne veut pourtant pas dire que la démarche est vaine, bien au contraire, car cela apporte un éclairage complémentaire aux conditions de vie et d’accueil des migrants dans les camps, en particulier en Grève où la situation économique y est elle-même très difficile. On y découvre le travail essentiel réalisé sur le terrain par des associations comme « Médecins du monde » ou « MéditAction » et on se rend compte que le travail sur place est sûrement très difficile. Le mauvais buzz (heureusement contrebalancé par un bon) des images récentes d’une secouriste prenant dans un bras un migrant qui venait d’échapper à la noyade démontre combien cette démarche reste encore salutaire…

Petit bonus en fin d’album : des photos et commentaires démontrent si ce n’était nécessaire encore davantage combien cette histoire se base sur des faits réels par rapport auxquels nous ne pouvons fermer les yeux et rester indifférents…

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