BD Classic

Mon avis

Splendide série de Bertrand Gatignol et du regretté Hubert et dont le tome 4 vient clôturer l’épopée fantastique.

Le premier tome paru n’annonçait pas spécialement une série, en tout cas je ne l’avais pas perçu comme tel, car chaque tome peut se lire indépendamment. Mais il y a pourtant plein d’éléments concordants qui s’emboîtent les uns dans les autres et donnent une autre dimension à l’histoire de ces Géants, les Ogres-Dieux.

Petit, Demi-Sang, Le Grand-Homme et finalement Première-Née composent cet ensemble de plus de 500 pages étalées de 2014 à 2020 ! Et parmi celles-ci, pas que des dessins « traditionnels » mais aussi des illustrations en pleines pages, et plusieurs chapitres de lecture complète écrits par Hubert et qui permettent d’approfondir certains pans de l’histoire des Ogres-Dieux.

Hubert a brillamment construit son récit durant ces 4 épisodes. On y apprend comment le Fondateur, issu d’un peuple de Titans, a progressivement développé sa lignée qui a grandi de génération en génération. Chaque interlude « roman » permet d’en apprendre davantage sur certains personnages ou pans de l’histoire. Ainsi dans ce quatrième épisode, il s’attarde sur Nita la préceptrice, Aramande la chasseuse de livres de la Première-Née, Elvir Elissen le premier lieutenant du Fondateur, Maître Tovar l’architecte de la Première-Née, et finalement Emione la dernière érudite de la famille. Toutes ces interventions permettent une fois de plus de donner de la consistance au récit, sans trop l’alourdir inutilement dans le dessin, et pour éviter d’avoir un album avec encore plus de pages dessinées ! Ce faisant, cela permet aussi de livrer au lecteur des passages qui sans la lecture des textes, paraîtraient un peu trop disparates. En outre, cela permet à Gatignol de dessiner presque tout dans le château, sorte de huis-clos, sans devoir par exemple partir sur les champs de bataille où sévit le roi Fondateur puis ses fils menés par l’aîné Orobaal.

On peut y lire aussi une résonnance avec la situation actuelle de certaines femmes qui veulent se faire entendre mais qui sont malheureusement encore soumises au dictat de certaines religions ou maris qui les gardent sous leur coupe…

Tout comme les tomes précédents, Bertrand Gatignol nous délivre un dessin en noir et blanc de qualité, avec juste une légère colorisation sépia et or On y voit beaucoup de gros plans très réussis, pour bien marquer la taille des géants, mais aussi une finesse de trait et des décors très fouillés. Chaque chapitre s’ouvre avec une illustration pleine page, comme des livres d’enluminures du passé.

La fin de l’album, qui passe à nouveau en un récit littéraire, est aussi une sorte de préquelle de l’histoire des Ogres-Dieux, entamée avec Petit. De l’excellent travail !

Pour l’ensemble de ces quatre tomes, je ne peux que donner un énorme coup de cœur à cette série gothique magistralement conduite par les deux auteurs et portée par l’éditeur Soleil.

Logiquement terminée, il se murmure qu’un album supplémentaire pourrait encore paraître, la porte est en effet laissée entrouverte, mais qui pourra livrer une aussi belle suite à Hubert pour travailler avec Bertrand Gatignol ?

Maroulf