L'étoile qui danse
Dessinateur : Manu Larcenet
Scénariste : Manu Larcenet
Editeur: Dargaud
L’histoire du #1 en quelques lignes (selon l’éditeur)
Dans une quête inlassable il parcourt l'univers de la création. Il remonte l'Histoire, fait appel aux plus grands peintres, interpelle Boileau, Nietzsche ou Dieu Lui-même.
Mais aussi d'entrevoir la douleur d'un artiste se cognant aux murs de l'incompréhension et de la solitude. Au bout du voyage, à chaque fois, l'impasse de la souffrance.

Ce qu’on en a pensé, nous à GénérationBD
1ère surprise, dès la page de garde du livre : alors qu’on avait compris via les communiqués de presse que cet album serait un One-Shot, il n’en est rien : Manu Larcenet envisage cette série comme une vraie thérapie chez un vrai psychothérapeute… : sur la longueur !
La nouvelle grande idée de cet auteur atypique est simple : coucher sur papier son angoisse professionnelle la plus folle : le trou noir de la page blanche !
Pour se faire, il va se mettre à nu, privilégiant l’auto-thérapie fondamentale, la mise en abime de son moi intérieur…
Pour s’en sortir, l’amorce sur la célèbre phrase de Nietzsche servira un temps de fil conducteur à son récit : « Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse ».
Ce qui est génial dans cet album, c’est que l’on a l’impression de suivre véritablement la thérapie de l’auteur, avec ses doutes (trop de chaos, ce qui l’emmène à chercher à le maitriser via la Science).
Parallèlement à cette quête, l’auteur cherche toujours à trouver « son » idée du siècle, celle qui pourra lui fournir l’inspiration prolixe et exaltante ! Il investiguera tout azimut : Dieu, Léonard de Vinci, les muses ; il cherchera aussi du côté des mangas (mais abandonnera très vite car trop vieux pour « ça » ; en désespoir de cause, il passera aussi par une phase « hallucinations médicamenteuses » (ou là on n’a pas tout capté, mais c’était peut-être le but justement ?)

Et c’est peut-être le -gros- point noir de son concept : à trop chercher à maitriser le chaos, la lecture continue devient trop … chaotique ! On s’extasie devant les 15 premières pages (« mais quelle géniale idée ! »), mais ensuite et malgré les ressorts scénaristiques évoqués plus haut, on tombe dans une boucle qui petit à petit nous fait perdre cet engouement du départ et on suit alors placidement la suite de l’histoire…
Les Punch Lines graphiques sont géniales, mais mise bout-à-bout, on en perd la saveur.
Avant le confinement, mon gentil libraire avait eu la même impression que moi : album trop tiré en longueur…
Allez, pour finir sur une note positive :
L’épisode final (mais provisoire donc) à ce tome 1 restera dans les annales : la confrontation de notre auteur dépressif avec Cezanne (oui, le peintre !) est géniale, magistralement ponctuée d’une Punch line que je ne peux m’empêcher de citer : « Oh Gamin ! Tu prétends laisser une trace dans l’Histoire de l’Art ? Commence par ne jamais tourner le dos à ceux qui l’ont faite ! »
Pour en savoir (encore) + …
Savez-vous bien que Manu Larcenet a commis naguère d’autres séries, assez exceptionnelle, dont notamment le mythique « Combat ordinaire » ou le récent #6 du « Retour à la Terre » (coup de cœur 2019) ? A ne surtout pas manquer, assurément !
Milan Morales