Les deux Bâtards
Dessinateur : Roman Surzhenko
Coloriste : Roman Surzhenko
Editeur: Le Lombard
L’histoire du #08 en quelques lignes…
Sommé par Gandalf le fou -son père adoptif- de lui ramener sa fille, mais surtout pressé de se porter au secours de sa bienaimée, Thorgal a pris le risque de la rejoindre dans ce pays où la terreur règne en maitre.
Thorgal est ainsi jeté dans l'arène, contraint d'affronter un monstrueux ours polaire.
Mais, tandis que l’affreux duel bat son plein, voici que des bruits d'émeutes émanent des proches alentours de la tribune royale.

Ce qu’on en a pensé…
Suite directe du #7 « La dent bleue », ce nouveau tome s’inscrit graphiquement dans la lignée des meilleurs Thorgal (ceux de l’époque « Pays Qâ »). Extrêmement appliqué dans son Art, Roman Surzenkho maitrisent parfaitement cet univers qu’il a dû s’approprier…. A titre personnel, on préfère même très nettement les planches de cet auteur à celles que proposaient le géniteur initial de la série, Gregorz Rosinski, dans ses derniers albums…
Que ce soit, le talent de ce russe quadragénaire est reconnu à sa juste mesure par son éditeur au vu du nombre d’albums qu’il a produit pour les séries spinof « Les mondes de Thorgal » (pour plus de détails, jetez donc un œil à notre rubrique « Pour en savoir (encore) + ».
Maniant à la perfection les ambiances tantôt sombres des cachots, tantôt emplies de lumières lorsque l’Aventure se déplace dans les forêts ou les fjords norvégiens, on ne peut qu’être totalement immergés dans l’histoire !
L’histoire justement, parlons-en ! Et c’est peut-être là où l’album pêche quelque peu… C’est sans doute le marque de fabrique de ce grand auteur qu’est Yann : il aime bien que chacun puisse comprendre son récit. Certes, cela peut être gage de conscience professionnelle, mais il oublie parfois que la narration dans une bande dessinée n’est pas que seulement écrite, elle peut -et doit- aussi être exprimée de manière graphique. Au final, on se retrouve avec des superbes planches, mais alourdies par des dialogues qu’il aurait pu rendre plus simple. Pourtant, il maitrise très bien les techniques narratives : ainsi le parfait exemple pourrait être le conte des 3 frères et de la cyclope, entamé par la mère d’Aaricia puis terminé lors de l’échange Aaricia/Sydônia.
Une saine épure narrative aurait sans nul doute apporté plus d’équilibre et donc de lisibilité à l’ensemble.
Cet album est-il à conseiller à tous les lecteurs ? Le grand public y trouvera sans nul doute son compte ; pour le Fan de la première heure de Thorgal… c’est moins évident. A titre purement personnel, je crains une dérive vers un aspect mercantile… Ces histoires du jeune Thorgal n’apportent rien à l’œuvre. Si vous avez soir de nouveautés sur cette série, je vous conseillerais plutôt -et à mon grand étonnement !- de retourner sur la série mère pour voir ce que les nouveaux repreneurs en font…. Tiens, c’est un certain Yann au scénario ?!? ;). (la chronique du #37).

Pour en savoir (encore) + …
Roman Surzhenko… Dessinateur
est né en 1972, à Taganrog, en Russie. En 1994, il sort diplômé de l'Université de sa ville natale, et, pendant plusieurs années, travaille comme illustrateur pour différents éditeurs russes (Joy, Rosman, Phoenix & The Kid). En 2001, il s'oriente vers la bande dessinée et intègre le collectif Aventures Magnifiques. Deux ans plus tard, il fait son entrée chez Advance-Press, un label moscovite. On le retrouve parallèlement au générique de plusieurs dessins animés et au sommaire du magazine ukrainien K9. En 2010, repéré par les Humanoïdes Associés, il fait son entrée sur le marché francophone et signe les ultimes planches de « La Meute de l'enfer », une série écrite par Philippe Thirault. Avec Novy, il enchaîne ensuite « Les Carnets secrets du Vatican », chez Soleil. En 2011, il fait son entrée officielle au Lombard, avec « Louve », la deuxième série dérivée des « Mondes de Thorgal », écrite par Yann.
Toujours pour cette même collection, et toujours en compagnie de Yann, il publie, en 2013, le premier épisode de « La Jeunesse de Thorgal ». Dès 2015, il s'attèle également au dessin de la série « Kriss de Valnor ».
Yann… Scénariste
La grande spécialité de Yann, c'est l'histoire ! Après avoir tâté de la communication et de la publicité virgule le jeune marseillais décident de s'expatrier en Belgique pour y devenir auteur de bande dessinée.
Il réalise rapidement que ces planches sont bien meilleures lorsqu'elles sont dessinées par d'autres et décident de se consacrer à l'écriture. Il fait la connaissance de Didier Conrad et le duo va se faire un nom en dynamitant les marges du journal Spirou au fil des gags aussi osés que caustiques.
Un bon résumé du ton de Yann, qui puise également dans sa pléthorique culture historique pour bâtir des récits grinçants, drôles, et par la même occasion, nous présenter des personnages aussi originaux authentiques.
Pour autant, l'homme ne se limite pas à l'humour : c'est à lui que fait appel Yslaire pour mettre en mot les élans romantiques de la série Sambre, par exemple.
Yann multiplie les collaborations, adorant se plonger dans l'univers d'un dessinateur pour éviter de tourner en rond dans le sien. Ce mélange de tradition franco-belge, de réalisme historique et d'humour à fait de lui un des scénaristes les plus réputés de la profession et ça ne lui a pas coupé la verve, bien au contraire !
Milan Morales