Anna
Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Coloriste : Denis Béchu
Editeur: Glenat
Mon avis
Le prince de la Nuit, c’est pour moi une série culte d’Yves Swolfs. Six épisodes sont parus entre 1994 et 2001, avec une alternance pour sortir un Durango en 1998 et des scénarios pour Marc-Renier (Black Hills) et Griffo (Vlad). Ensuite, Swolfs a scénarisé « James Healer » pour De vita, « Durango » pour Girod et s’est lancé dans une autre série chez Soleil, intitulée « Légende » forte de 6 tomes avant de relancer le Prince de la Nuit en travaillant sur ses origines. Il avait (vainement) cherché d’autres dessinateurs pour poursuivre « Le Prince de la Nuit » et ses origines via des one-shot, mais suite au désistement de David Finch il a poursuivi d’abord lui-même. C’est ainsi qu’en 2017 paraît (enfin !) un 7ème tome axé sur Kergan avant qu’il ne passe la main au dessin à Thimothée Montaigne pour ce 8ème épisode.
Fameux challenge pour Thimothée Montaigne que de passer après le maître Yves Swolfs pour reprendre cette série et se fondre dans le moule tout en gardant sa patte et son style propre. Mais il est loin d’être un novice puisqu’on lui doit notamment « Le Cinquième évangile », « Malicorne » et surtout la suite du « Troisième testament – Julius » et il est parvenu à brillamment relever le défi !
Swolfs n’a pas imposé de réaliser la couverture et a laissé le champ libre à Montaigne même si bien entendu on lui a imposé de rester dans la lignée de celles de Swolfs sur les 7 tomes précédents afin de garantir une certaine homogénéité ; ainsi les colorations orangées dominent et bien que légèrement différente du style de Swolfs, j’ai dû vérifier à l’intérieur de l’album pour savoir qui de Montaigne ou de Swolfs avait réalisé la couverture, preuve de son talent !
Bon, soyons franc, en feuilletant l’album, j’ai d’abord eu un choc ; la toute grosse différence pour moi se trouvant dans le trait de Thimothée Montaigne qui est plus noir et grossi que celui d’Yves Swolfs, et la colorisation est également beaucoup plus sombre et noire. C’est en tout cas le ressenti que j’en ai eu par rapport à mes souvenirs et suis allé vérifier les albums de Swolfs qui m’ont conforté dans cette idée. Certes une grosse partie de l’action se déroule de nuit, dans les tons bleutés, mais tout de même la différence est flagrante, et donc j’ai eu un doute quant à l’œuvre à lire.
Mais ensuite, lorsque je me suis plongé dans la lecture de ce 8ème épisode, je n’ai plus lâché l’affaire ! L’histoire de Swolfs est comme toujours admirablement bien écrite et excellement dessinée par Montaigne. Une probable explication à mon premier sentiment d’hésitation : l’absence de Kergan dans plus de la moitié des planches. Car l’histoire tourne aussi autour de Vladimir et des complots qui se trament dans l’ombre.
Mais passé ce premier « écueil » visuel c’est un véritable plaisir de découvrir les tribulations de Kergan. L’histoire lorgne un peu dans le style du « Roman de Malemort » d’Eric Stalner avec le vampire suceur de sang et qui s’échappe rapidement grâce à sa transformation en chauve-souris ; comme dans le Roman de Malemort, notre vampire va aussi mordre une jeune fille et lui donner de son sang afin qu’ils établissent une connexion et qu’elle soit aussi éternelle. Mais le dessin de Montaigne est fabuleux, différent de celui de Swolfs certes, mais tout aussi puissant, réaliste, détaillé et précis. Un autre style mais du très bel ouvrage !
Maroulf