BD Classic

Le policier parisien Philippe Martin a reçu un appel d’un de ses homologues de Barcelone pour identifier le corps d’une jeune femme d’environ 25 ans. C’est une ville qu'il connait bien pour s'y rendre assez souvent. Le corps serait celui de sa fille car une lettre de suicide a été retrouvée le désignant comme étant son père. Un test de paternité lui est suggéré mais la ressemblance avec son ex-femme Sophie, dont il est précisément séparé depuis 25 ans, est flagrante. Seulement, tout porte à croire que ce n'est pas un suicide, à commencer par les révélations faites par Sophie, mais aussi par Folch, l'ex-petit ami d'Emma, par Mariona, sa colocataire, et surtout par les diverses rencontres que Philippe va faire au cours de l’enquête personnelle qu’il va mener, révélant un trafic des plus juteux mis en place par une dangereuse bande de malfrats connue de la police de Barcelone.

Mon avis:

Auteur barcelonais, Raule dont le talent n'est plus à démontrer (Jazz Maynard, Isabellae, etc.) est sans aucun doute le mieux placé pour nous entraîner dans cette histoire qui se déroule dans une ville qu’il connaît bien. Le scénario installe d’emblée une tension maintenue jusqu’au bout d’un récit qui réunit nombre des codes du polar: un meurtre déguisé en suicide, des liens avec des trafiquants d’art, un père policier vivant séparé depuis de longues années en ignorant qu’il a eu une fille et renouant avec son ex compagne, la description vivante de divers lieux mal famés voire dangereux de Barcelone, l’univers souvent ambigu fait de strass et de paillettes de la haute société, etc.. Une trame que certains jugeront classique mais avantageusement utilisée par Raule qui aligne les rebondissements tout au long de ce one shot illustré par Philippe Berthet. Très apprécié pour son travail sur diverses séries, dont la très célèbre Pin-up avec Yann au scénario et, plus récemment ses polars dans la même collection "Ligne Noire", Berthet nous gâte avec des dessins d'une qualité impeccable. Comme toujours, son trait est sobre et superbement efficace. On retrouve avec plaisir un bel équilibre dans ses planches riches en détails et décors et aux personnages immédiatement reconnaissables. Dommage qu’il nous cache obstinément le visage de Sophie dans la scène au bar lors des retrouvailles avec Philippe. On respecte ce choix de l’auteur qui nous gâte largement par ailleurs, l’ensemble étant bien mis en valeur par la belle mise en couleurs de David D.