Série: Bleu pétrole
Auteurs: Fanny Montgermont, Gwénola Morizur
Editeur BD: Grand Angle
Une chronique BD: Génération BD
L'histoire:
Ploudalmézeau, petite bourgade dans le Finistère en Bretagne. Léon est agriculteur et père de trois enfants, Lucas, Bleu et Paulo. Il s'est toujours battu pour que les droits des agriculteurs soient reconnus et il a créé une chorale pour mélanger les gens du bourg et les agriculteurs, s'est présenté comme conseiller communal et a été élu maire en 1964. Mais en 1978 Léon et toute sa commune ont dû faire face à une marée noire suite au naufrage de l'Amoco Cadiz. Afin de défendre leurs droits, il a monté un syndicat pour attaquer la compagnie pétrolière dans un procès qui l'a occupé durant 14 ans! Toute l'histoire est vue au travers des yeux de Bleu qui raconte la vie à la campagne, la rivalité entre les payans et le bourg, la famille de Léon, son ascension politique et la catastrophe de l'Amoco Cadiz.
Mon avis:
Une histoire de mémoire, tout en douceur, pour rappeler le triste événement du 16 mars 1978 avec le naufrage de l'Amoco Cadiz et ses 220.000 tonnes de pétrole brut déversés en mer et sur les côtes bretonnes!
Le pitch m'avait séduit, et surtout le superbe dessin de la trop rare Fanny Montgermont (Elle, Quelques jours ensemble, Clair Obscur dans la vallée de la lune) pour que je choisisse cet album à chroniquer.
Un pote français, et ancien Breton de surcroit, m'a dit "Bon choix, mais comme t'es Belge, tu ne pourras pas comprendre ce que nos coeurs de Bretons ont ressenti" et je peux imaginer que ceux qui ont vécu cette marée noire ont été marqué à vie. En préambulle, Gwénola Morizur, la petite fille du maire Alphonse Morizur qui s'est battu durant 14 ans contre la compagnie pétrolière américaine pour finalement avoir gain de cause au procès, le résume ainsi: "N'importe quel Breton peut vous dire où il se trouvait et ce qu'il faisait le jour du naufrage de l'Amoco Cadiz".
Moi je ne connaissais pas cette histoire, n'ayant même jamais entendu le nom de ce pétrolier; mais j'avais pourtant entendu déjà d'autres catastrophes maritimes ayant engendré des marées noires comme celle de l'Exxon Valdez en 1989 en Alaska ou de l'Erika en 1999 en Bretagne. Et bien entendu, chaque fois ce sont les mêmes images de sables couverts de liquide noir et gluant et d'oiseaux englués dans le pétrole ou le mazout, et bien entendu l'odeur forte comme celle ressentie aux stations essence, mais en beaucoup plus fort.
Au dessin, Fanny Montgermont travaille encore à l'ancienne, à la couleur directe sur papier: un crayonné de base léger, un trait accentué pour faire ressortir le dessin, et ensuite l'aquarelle. Beaucoup de travail, mais pour un résultat exceptionnel de douceur et de beauté. La qualité est donc au rendez-vous, même si pour cela on doit patienter pour lire ses bandes dessinées.
Au final, une bande dessinée touchante, celle d'un beau témoignage humain sur la ténacité et l'espoir d'un homme face à une multinationale, établissant les premières bases du principe de "pollueur-payeur".