Au beau milieu de la rue Braemt, à Saint-Josse-ten-Noode, une façade jaune arbore des personnages emblématiques de la BD. Tintin, Superman ou encore les Dalton annoncent la couleur : impossible de passer à côté du "Deuxième souffle", la librairie que tient Michel Deligne depuis 37 ans. Ou plutôt le "Temple de la BD à l'ancienne", comme l'indique une inscription sur le frontispice.
Dès que le visiteur en franchit le seuil, il pénètre dans un autre monde, littéralement ébloui par la pléthore de bandes dessinées, vieux bouquins, affiches et figurines en tout genre. La boutique de Michel Deligne, alerte septuagénaire à la casquette solidement vissée sur le crâne, tient en effet plus du musée que du simple magasin de vieux livres. Mais pour combien de temps encore ? Cet antre dédié au neuvième art est aujourd'hui menacé de disparition pure et simple. En cause, la décision du propriétaire actuel de ne pas renouveler le bail de Michel Deligne.
Débouté suite à son action en justice, Michel est donc prié de plier bagage pour le 1er février prochain.
Le passionné de BD accuse le coup. "Le Deuxième souffle", nommé de la sorte en hommage à Lino Ventura, parrain de la bouquinerie, c'est toute sa vie. "Je suis ici depuis 1971, clame Michel. C'est dégueulasse de mettre quelqu'un dehors du jour au lendemain, qui plus est en plein hiver", proteste-t-il.
Aujourd'hui retraité, Michel a officiellement passé les rênes à son fils, Henry, mais est encore bien présent dans la gestion quotidienne des affaires. "C'est un véritable coup de poignard dans le dos, je ne méritais pas ça", déplore-t-il, tenaillé par l'émotion.
Michel se sent d'autant plus trahi qu'il entretenait de très bonnes relations avec le précédent propriétaire, le grand-père de l'actuel, décédé il y a peu. "C'était un homme qui avait quelque chose dans le ciboulot et adorait la BD. Mais j'ai été con, j'ai oublié de renouveler le bail ...". Michel a proposé de revoir à la hausse le loyer de 900 euros qu'il paye actuellement mais rien n'y fait. Le propriétaire ne démord pas de son projet de transformer la boutique de Michel en maison de rapport. "J'ai consacré ma vie à la BD et voilà le cadeau pour mes 70 ans ...", confesse-t-il.
Michel Deligne refuse cependant de baisser les bras, même si, à l'heure qu'il est, il n'entrevoit toujours pas de solution. Réconforté par le soutien de ses fidèles clients, il se sent abandonné par les pouvoirs publics. Seul Jean Demannez, le bourgmestre (PS) de Saint-Josse, lui a apporté son aide. "Il a proposé de mettre un local à ma disposition mais je ne vois pas comment y stocker toute ma collection. Et puis ce n'est pas possible de déménager tous les trois mois", se désole le septuagénaire.
Aujourd'hui, tout ce que demandent Michel et son fils, c'est du temps pour permettre à ce dernier de trouver d'éventuels associés et un nouvel endroit pour installer ce haut lieu bruxellois de la BD, afin que "Le Deuxième souffle" ne s'étouffe pas. Et qu'il puisse renaître de ses cendres.
©Le Soir
Aujourd'hui, tout ce que demandent Michel et son fils, c'est du temps pour permettre à ce dernier de trouver d'éventuels associés et un nouvel endroit pour installer ce haut lieu bruxellois de la BD, afin que "Le Deuxième souffle" ne s'étouffe pas. Et qu'il puisse renaître de ses cendres.
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