Dead Account
Dessinateur : Shizumu Watanabe
Scénariste : Shizumu Watanabe
Traduction : Yayoi Shikata & Frédéric Antoine
Editeur: KurokawaLe synopsis de cette nouvelle série (par l’éditeur)…
Les fantômes hantent désormais les téléphones portables ! Qui sait, le vôtre l'est peut-être déjà...
Sôji Enishiro, 15 ans, est un streameur qui " flame " sous le surnom d'Aoringo. Provocateur et bagarreur, il gagne beaucoup d'argent avec ses vidéos au contenu violent.
Toutefois, l'adolescent le plus détesté au monde est en réalité un grand frère dévoué à Akari, sa petite sœur, et un amateur de pâtisseries. Ses vidéos controversées ont pour but de couvrir les frais hospitaliers exorbitants de sa cadette malade. Tant qu'elle se porte bien, Sôji est heureux, même s'il est rejeté des autres. Mais un jour, la tragédie frappe Akari et bouleverse à jamais le destin du jeune homme.
Le résumé de ce second opus, en quelques lignes…
Chapitres 5 à 13
À la suite du décès de sa petite soeur, l'ancien streameur et flameur Sôji Enishiro s'éveille au " pouvoir numérique ". Il intègre alors l'académie Miden, une école de médiums dédiée à la lutte contre les Ghost Accounts.
Sur place, Sôji apprend que K le Mélancolique, l'ennemi numéro un de l'association des médiums, est le meurtrier de sa soeur. Il découvre aussi que son pouvoir, la flamme d'Oni, absorbe la vie de ceux qui la touche. Coïncidence, cette flamme maléfique est en tout point identique à celle du sinistre K...
Pour l'heure, Sôji effectue sa première mission : un nettoyage de Ghosts Accounts dans un magasin de matériel électronique... L'exorcisation exige un esprit d'équipe ! Prouve ta valeur dans ta première mission !
Qu’en avons-nous pensé ?
La force du second tome de Dead Account réside dans sa capacité à s’ancrer pleinement dans l’ère numérique tout en exploitant les codes du shonen d’action.
L’univers imaginé par Shizumu Watanabe frappe par sa modernité : les fantômes ne hantent plus les lieux physiques mais les réseaux sociaux, une idée qui confère au manga une résonance contemporaine et une profondeur thématique rare. Cette approche, qui questionne la trace laissée par les individus en ligne et la violence des communautés virtuelles, fait toute l’originalité de la série.
Le personnage principal, Sôji, est un autre atout majeur.
Loin du héros classique, il porte le poids d’un deuil douloureux et d’une réputation sulfureuse, ce qui le rend à la fois attachant et complexe.
Son évolution, nourrie par la culpabilité et la quête de justice, donne au récit une intensité émotionnelle qui dépasse la simple action.
Le système de pouvoirs, centré sur la « flamme d’Oni » et les capacités numériques, apporte une dimension stratégique et dramatique aux affrontements.
L’auteur parvient à renouveler l’intérêt du lecteur en liant étroitement l’évolution de Sôji à la découverte de ses pouvoirs, tout en entretenant un suspense efficace autour de l’identité du meurtrier de sa sœur.
Cependant, cette richesse thématique et émotionnelle s’accompagne de quelques faiblesses.
Le manga, en adoptant certains codes traditionnels du shonen -école de pouvoirs, rivalités, vengeance-, laisse parfois une impression de déjà-vu pour les lecteurs aguerris. De plus, si Sôji bénéficie d’un développement approfondi, les personnages secondaires restent encore en retrait, peinant à s’imposer ou à surprendre. Ce déséquilibre freine l’immersion dans l’univers de l’académie Miden et limite l’attachement aux autres membres de l’équipe.
En somme, ce second volume de Dead Account séduit par la pertinence de ses thèmes et la densité de son héros, mais gagnerait à étoffer ses personnages secondaires et à s’affranchir davantage des schémas classiques du genre.
La série s’impose néanmoins comme une proposition originale et prometteuse, capable de captiver un lectorat en quête de modernité et de réflexion sur notre rapport au virtuel.
Sortie du tome 3 ? Le 14 août 2025
Pour en savoir (encore) + …
Né un 21 juillet dans la préfecture d'Ehime au Japon, Shizumu WATANABE (anciennement Saitama SHIZUMU) est un mangaka japonais. Diplômé de l'Université d'Osaka en art et communication, il fait ses débuts dans le manga en devenant l'assistant d'Akiko HIGASHIMURA (l'auteure de Jellyfish Princess).
Il participe ensuite à plusieurs concours, et remporte le Grand Prix du Shônen Magazine grâce à Closet Child, puis le prix des jeunes auteurs de l'éditeur Kôdansha avec Gakusha Overdrive.
Il publiera dans la foulée les séries Irokoi, Chimes, Kono kanojo ha fiction desu, Shishunki no iron maiden et enfin Real Account qui, à ce jour, est son plus grand succès.
Shizumu WATANABE est également connu pour s'être particulièrement impliqué dans le volontariat autour de la catastrophe du Tôhoku depuis 2011. Il a notamment participé au fanzine caritatif Pray For Japan.
Milan Morales