ALIX 33 – Brittania, interview de Marc Jailloux et Mathieu Breda

Alix et Enak rejoignent le proconsul Jules César à Port Itius dans l’extrême nord de la Gaule, où ils découvrent un gigantesque camp militaire ainsi qu’une armada de bateaux armés, tout prêt à appareiller. Sept légions et des centaines de navires s’apprêtent à traverser la Mare Britanicum (la Manche) pour débarquer en force sur l’île de Britannia toute proche. César entend ainsi parachever ses succès militaires et sa campagne de pacification en Gaule en soumettant les peuples britons, qui, par solidarité entre « cousins » celtiques, continuent à apporter leur soutien aux chefs rebelles gaulois. César tient à ce qu’Alix et Enak l’accompagnent. Ils auront pour compagnon Mancios, un jeune prince de Britannia dépossédé de ses terres par un puissant chef de guerre, et qui s’est offert de guider l’expédition des forces romaines dans l’île en échange d’un soutien pour reconquérir son trône perdu. Mais il y a aussi parmi les alliés Britons du général romain un certain Viridoros, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’inspire guère confiance à Alix…
Assistant de Gilles Chaillet sur les séries La Dernière Prophétie et Vinci, Marc Jailloux a repris le personnage d’Orion créé par Jacques Martin il y a vingt ans. A présent, il prend en charge le dessin des aventures d’Alix à compter du tome 32, La Dernière conquête. Son complice et scénariste, Mathieu Breda, est story-boarder pour le dessin animé et le jeu vidéo. Les deux nous livrent une aventure foisonnante de détails historiques et de personnages qui ne sont pas tous au-dessus de tout soupçon. Un Alix de bonne facture qui relève la moyenne.

ALIX 33 – Brittania par Marc Jailloux et Mathieu Breda d’après les personnages de Jacques Martin (Casterman)

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Marc Jailloux :

L’idée de Britannia m’est venue en deux temps : j’étais en vacances en Ecosse et le climat, le paysage m’ont inspirés, j’ai visité des musées parlant de la présence des romains en Grande-Bretagne mais cela se passait deux siècles après qu’Alix ait vécu. Alors j’ai fait des recherches, j’ai relu la Guerre des Gaules et j’ai appris que César avait tenté par deux fois de conquérir Britannia. La première fois il avait assez rapidement été repoussé et la deuxième fois il a emmené avec lui des chefs gaulois qu’il avait fait prisonnier, de peur d’une rébellion. Il y avait là un terrain complice à l’écriture d’une intrigue. C’est comme cela que « Britannia » est né.
Ensuite j’ai soumis le projet au comité Martin. Tout le travail sur l’album doit être validé par ce comité, alors au rythme des multiples corrections et du retravail du script il y a une certaine usure qui s’est installée. J’en ai parlé à Matthieu Breda, il est féru d’histoire et il m’a proposé de tellement bonnes idées que finalement je lui ai demandé de me rejoindre sur le projet !

Mathieu Breda :

Venant du story-board j’ai imaginé mon scénario comme un film, avec des champs, des contrechamps, comme un produit audio-visuel. Il arrivait que Marc me dise que ce que j’avais imag(in)é était difficile à retranscrire dans une bande dessinée mais il s’arrangeait. J’ai été élevé avec Alix, mais je ne connaissais que les Alix de l’âge d’or. Je ne savais même pas que ses aventures avaient continuées après le décès de Jacques Martin. J’ai regardé tout ce qui a été fait depuis quinze ans pour m’imprégner. Les lecteurs de nos jours ont une approche moins image d’Epinal, connaissant des films comme 300, la série Rome, pas forcément plus vraie mais plus large du monde antique romain. Ils ont donc l’habitude d’intrigues plus complexes qu’à l’époque de Jacques Martin. L’interaction et la relation organique entre les personnages est donc essentielle. Il y a beaucoup de personnages dans cet album, et leurs interactions font que le monde est vivant, que cela bouillonne et qu’il y a de l’intrigue. Les personnages doivent se suffire à eux-mêmes. Ce n’est pas tellement l’histoire qui compte, Alix doit coexister avec d’autres personnages plutôt que d’être le seul guide de l’histoire…
 
 

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