Derrière les signes ennemis
Série: Visages Ceux que nous sommes, Tome 1
Scénariste : Nathalie Ponsard-Gutknecht
Scénariste : Miceal Beausang-O
Dessinateur : Aurélien Morinière
Coloriste : Aurélien Morinière
Editeur: Glenat
1927, dans un orphelinat allemand, Georg, un jeune garçon brimé tant par ses condisciples que par les bonnes sœurs qui gèrent l’institution, décide de prendre la fuite. Il ne manque pas d’emporter son dossier avec lui pour comprendre pourquoi on le surnomme « le bâtard ». De sombres idées de vengeance sont en lui et il décide de s’engager dans l’armée allemande.
Août 1944, Louis Kerbraz décide d’agir en Français même s’il est breton et s’engage dans l’armée, il se retrouve dès octobre dans les tranchées de Gand. Louis n’est pas un peureux et va aider l’armée belge à inonder les terrains contre les Allemands en ouvrant les écluses de l’Yser. Il se retrouve alors dans les tranchées de Dixmude puis dans celles du Hartmannswillerkopf.
Grâce à sa baraka et sa bravoure, Louis est vite considéré comme un héros, ne refusant jamais une mission périlleuse. Il faut dire qu’il n’a pas vraiment envie de rentrer à Brest où l’entente avec son paternel n’est pas au beau fixe…
De l’autre côté du front, une infirmière allemande, Lieselootte Ruf, s’est engagée pour se rapprocher de son cousin Peter qui a décidé de combattre pour l’armée française. Ruf prend des photos pour témoigner de cette boucherie et laisser un souvenir aux familles qui ne reverront plus leurs proches. Son engagement est porté en exemple par la propagande allemande.
C’est lors d’une mission improbable entre les deux lignes que Louis va rencontrer Lieselotte au plein milieu d’une église en ruine et qu’une relation amoureuse tout aussi improbable va se créer entre ces deux personnes.
Lorsque Louis apprend qu’une grande offensive va avoir lieu, il est partagé entre le fait de prévenir Lieselotte et trahir les siens mais une scène ou un Allemand tente d’embrasser Lieselotte (contre son gré) le met dans l’erreur, se sentant trahi par la jeune femme. La jeune femme, ne se doutant de rien, va apprendre que Louis était tué au combat ; ce qui se révèlera également erroné.
Ce que Louis ignore, c’était que Lieselotte était enceinte, mais, à l’accouchement, on lui fait croire que son « fils de la honte » est mort-né alors qu’il sera en fait placé dans un orphelinat.
Ce fils, Georg, n’a qu’une seule envie, retrouver ses parents pour leur faire payer leur abandon et quoi de meilleure occasion que de profiter de la guerre de 1940 ?Visages est une histoire assez improbable de l’amour entre deux êtres issus de deux camps opposés : leur rencontre clandestine en plein milieu des combats, le fait que Louis est invincible et qu’il parvient à voir à distance sa compagne se faire embrasser par un Allemand sans compter le nombre de rebondissements qui suivent… Tout ceci, avec un peu de recul, ne semble pas très crédible… Et pourtant, la sauce prend, car le contexte de la guerre est bien présent et le récit repose sur des faits historiques avérés. Le dessin réaliste des tranchées bien documenté rend au récit son caractère crédible.
Le contexte historique (l’Yser, Dixmude,…) renforce cette dimension de réalisme, confrontant le lecteur à la dure réalité du soldat en guerre…
Beaucoup moins connue que Verdun, la bataille du Hartmannswillerkopf (éperon rocheux sur le contrefort des Vosges) s’avérera tout autant sanguinaire, si pas davantage…
Le dessin d’Aurélien Mornière retranscrit bien cette ambiance de fin du monde où les personnages subissent davantage l’histoire qu’ils ne la vivent… On en oublie les ficelles parfois un peu grosses des scénaristes pour découvrir la richesse du contexte historique de ce même scénario.
C’est donc avec un avis partagé que je termine la lecture de ce premier visage… On notera que cet album est recommandé par le « Musée de la Grande Guerre » ; ce qui ne fait confirmer que la valeur historique du récit !