La tresse
Série: La tresse, Tome 0
Dessinateur : Algésiras
Coloriste : Algésiras
Scénariste : Lylian
Editeur: Soleil
Trois histoires, trois épreuves, trois vies…
Dans le village de Badlapur en Inde, Smita a mis toute son énergie pour que sa fille Lalita issue de la caste des intouchables puisse aller à l’école, payant grassement le brahmane local (professeur) afin qu’elle puisse bénéficier d’une vie meilleure.
Mais le premier jour ne se passe pas comme prévu, car le brahmane veut forcer Lalita à nettoyer, la renvoyant dans son rôle d’intouchable, n’hésitant pas à la battre pour cela…
Smita va voler de l’argent chez le Brahmane pour quitter la région et fuir vers une zone où les intouchables sont moins rejetés. Comme son mari s’oppose à ce projet par crainte du changement ou de ses conséquences, elle part seule avec sa fille. L’objectif est d’atteindre le Temple de Tirumla, symbole de leur nouvelle vie…
Palerme, en Sicile. Giulia doit gérer l’atelier de perruque lorsque son père s’absente. Ce jour-là pourtant Giulia apprend que son père a eu un grave problème de santé et est dans le coma. Elle doit alors gérer beaucoup de choses à la fois, mais petite lueur dans sa vie, elle rencontre Kamal, un être sensible et poète dont elle se rapproche de plus en plus.
Les choses se dégradent cependant pour Giulia, car elle se rend compte que l’atelier de perruques est quasiment en état de faillite. Sa mère essaie d’inciter Giulia à se marier avec une personne riche du village pour sauver la situation, mais cette solution ne convient pas du tout à Giulia. Pour couronner le tout, le père de Giulia décède… Comment sauver l’atelier de perruques ?
Montréal. Depuis sa séparation, Sarah Cohen bosse dur pour gérer son poste à responsabilité d’avocate et l’éducation de ses trois enfants dont elle confie régulièrement la garde à un baby-sitter, elle ne s’accorde aucun répit… Mais lorsque la jeune femme s’évanouit lors d’une réunion, le passage par la case médicale est inévitable.
Le verdict est sans appel, Sarah a un cancer du sein ! Pour la jeune femme, cela veut dire la fin de sa carrière d’avocate, une mise au repos indispensable et un déménagement de son bel appartement. Sans compter la perte de ses cheveux liée à la chimiothérapie… Comment reprendre goût à la vie quand tout un projet est anéanti ?
Lorsque Smita et Lalita arrivent au temple, elles n’ont plus d’argent pour l’offrande, elles décident alors d’offrir leur chevelure comme don. Une nouvelle vie st possible et commence d’ailleurs bien, car le mari de Smita les a rejoints…
Kamal propose à Giulia de se procurer de vrais cheveux pour les perruques en Inde où elles sont bien moins chères qu’en Italie. L’idée séduit la jeune fille, mais sa mère y est réticente, mais un vote avec les travailleuses de l’usine permet de débloquer la situation.
Depuis que Sarah a pris distance avec son travail, elle redécouvre les liens forts qui l’unissent à ses enfants ; ceux-ci sont heureux d’être dans un environnement plus vert que leur appartement aseptisé de Montréal.
Reste l’image d’une femme sans cheveux difficile à vivre pour la jeune femme… L’achat d’une perruque de qualité, venue toute droite de Palerme, va la réconcilier avec elle-même. Sa fille va la trouver superbe… et lui faire une tresse !Superbe histoire que « La Tresse » tirée du best-seller éponyme de Laetitia Colombiani (un succès très conséquent au niveau des ventes). En parcourant ces trois histoires parallèles, on découvre trois femmes qui décident de lutter contre l’ adversité pour aller vers un mieux, avec leurs forces et leurs faiblesses… Que les cheveux coupés de Smita et Lalitya en Inde servent à fabriquer une perruque à Palerme pour être vendue au Canada est finalement une merveilleuse chaîne de solidarité symbolique, une tresse dont les nattes sont intimement imbriquées l’une dans
Le fait que chacune de ces trois femmes reste fidèles à leurs convictions et soient des battantes renforce l’attachement que le lecteur peut leur porter. Chaque fois, il y a un mauvais (le brahmane, le cancer, la faillite) et chaque fois un épilogue heureux. C’est donc un formidable conte pour adultes (et grands enfants) que l’on découvre. Lylian a très bien réussi l’adaptation en scénario de bande dessinée de ce roman, lui conservant tout son caractère universaliste et humaniste.
Le dessin d’Algésiras est lui aussi très fluide et très lumineux au niveau des couleurs ; ce qui permet de ne pas tomber davantage dans une dramatisation lorsque les différents personnages sont confrontés à des situations particulièrement délicates.
Des histoires comme La Tresse font du bien au moral et redonnent avec beaucoup de délicatesse de l’espoir de changement à ceux qui en ont peut-être perdu ; c’est typiquement le genre de bande dessinée qui devrait être remboursé par la sécurité sociale ! Un coup de cœur s’impose… À vous de voir si vous voulez lire la version livre d’abord ou tout de suite passer à la BD !