BD Classic

Avis :

Nous l’attendions depuis longtemps, le troisième et avant-dernier volume du Château des Animaux est enfin paru aux éditions Casterman ! Toujours disponible en deux versions, simple et prestige, nous parlerons ici de l'édition simple qui est, déjà, un magnifique ouvrage.

Félix Delep, en tant que brillant coloriste, choisit habituellement une teinte prédominante pour chaque couverture de cette série. Après le noir, le blanc, voici venir le bleu pour « La Nuit des justes » représentant l’ombre qui submerge Miss B. derrière les barreaux du cachot dans lequel elle est enfermée. Son regard exprime une myriade d’émotions qui passent de la tristesse à la résolution avec une pointe de défi. Lorsque l’on admire cette image, on se rend compte que ce tome n’a rien de « simple », Le Château des Animaux est une œuvre d’art en soi, peu importe l’édition.

Dès les premières pages, comme d’habitude, le visuel nous frappe. On retrouve ces dessins animaliers splendides, rappelant un peu les Disney de notre enfance… Les premières pages mettent en scène un court flashback sur la jeunesse du président Silvio. Xavier Dorison marque le ton du drame, sobrement et efficacement. Il n’en faut pas plus pour comprendre que ce président intransigeant cache des blessures qui ne se sont jamais refermées…

On poursuit dans les colorisations froides. L’ambiance n’est pas à la joie, et la mort de numéro 1 n’a pas arrangé la révolution « douce » que suggérait le rat Azélar. Miss B doute, beaucoup, mais pourra compter sur le soutien indéfectible du lapin César.

Comment faire pour remotiver les troupes à continuer une révolte non violente à la suite de cet évènement ? Comment faire pour tenir le coup lorsqu’on est confronté à des chiens qui menacent de nous mordre à chaque fois que l’on fait un pas de côté ? Comment faire pour ne pas craquer quand on se trouve seul, acculé et torturé pour briser notre volonté et nous faire rentrer dans le rang ? Est-elle vraiment la leader dont ils ont besoin ? Tant de questions auxquelles elle ne sait pas répondre...

Ce tome est rempli d’essais, d’erreurs, de doutes, de peines et de frustrations. Mais aussi, de petites victoires et surtout de solidarité retrouvée grâce à l’acharnement et aux convictions de Miss B. et de son fidèle ami César qui prend une place importante en tant que pilier à ses côtés. Les conditions de vie ne changent pas pour les animaux, mais les esprits deviennent combattifs et finalement cela paie… enfin, c’est ce que l’on espère.

Des révélations cruciales sont données dans ce troisième volume. Les modalités du troc avec les humains qui restent pleines de sordides sous-entendus, le fait que les chiens protègent le château des loups que l’on n’a jamais vu ou encore le master-mind de toute cette histoire qui susurre de belles paroles aux oreilles du président Silvio…

C’est peut-être un tome moins prenant que les deux précédents où l’on découvrait pour la première fois leur univers injuste. Il ne s’achève pas non plus sur un drame qui nous laisse sans voix, mais plutôt sur une attente insoutenable de savoir si leur combat portera ses fruits.

Toutefois, c’est toujours un aussi beau travail de qualité et un récit qui nous tient à cœur. Pour la suite, nous sommes partagés entre le fait d’enfin apprendre la fin dans le prochain tome et le fait que cette splendide série se termine avec l’avènement de celui-ci…

Mais, même si toute bonne chose se doit d'avoir une fin, Le Château des Animaux restera une référence dans le monde de la BD.