Jack le harceleur
Dessinateur : Gyom
Scénariste : Mylène Lambert
Scénariste : Romain Pujol
L’histoire de ce 1er tome, en quelques lignes…
C'est la rentrée au collège Saint-Roch. Pour Théo, tout roule comme sur une planche de skate, et il compte bien passer une année au top avec ses amis Paul et Lucie.
Malheureusement, Paul devient le souffre-douleur de Jack, le prof sadique de SVT, et les élèves en profitent pour le harceler.
Encore pire, le trio découvre qu'une mystérieuse confrérie œuvre pour le mal dans les sous-sols de l'école, construite sur un ancien monastère, et le père de Théo pourrait être impliqué.
Mais même pas peur pour Théo, qui vous révèle tous ses secrets avec son journal très singulier.
Ce qu’on en a pensé…
En parcourant tout d’abord rapidement les pages, une référence s’est tout d’abord clairement faite jour : la série « les amies de papier » (Christophe Cazenove et Ingrid Chabbert aux éditions Bamboo) : Même modus operantis : des pages contant l’histoire, agrémentée en fin de chaque chapitre d’un autre support écrit. Bingo ! Vu la qualité de cette série, la première impression est bonne.
Ensuite, le graphisme de Gyom se révèle tout à fait attrayant, dynamique, avec un style ressemblant à celui de Patrick Sobral sur sa série « Les Légendaires » (chez Delcourt).
Houlà…. 2 références de qualité pour cette nouvelle série. Bon, cela peut signifier aussi que les auteurs préfèrent ne pas prendre trop de risques…
Néanmoins, ils ont choisi de parler du harcèlement, sujet ô combien grave en milieu scolaire, mais qu’on ne peut pas simplement mettre de côté : la prise de risque est bien là donc !
Même si -dans mon autre vie- je suis totalement immergé dans le monde de l’enseignement, je vous avoue n’avoir pas vu arriver cette série avec le plus grand intérêt ; je déteste les séries qui -sous couvert de parler d’une thématique sensible- se permettent de jouer la carte de la mise en garde moralisatrice (et donc bien gonflante, il faut l’avouer).
Si les premières pages permettent de découvrir activement Théo et son environnement proche (famille, amis, école), le scénario commence à réellement se déployer lors de l’exploration des catacombes, rajoutant ainsi une bonne dose de mystère à la lecture…
Malheureusement, sur la suite du volet « enquête », on vous avoue s’être quelque peu perdu avec l’arrivée d’un coup d’une satanique confrérie dans laquelle le père de Théo se trouverait impliqué... Soit c’est trop « facile » pour le critique avéré que je suis, soit ce pan de l’histoire est réellement trop aguicheur pour être réellement efficace.
Dommage car on en ressent l’effet inverse à celui désiré : on a eu clairement l’impression que les auteurs ont « collé » un pan « satanisme » sur leur histoire afin d’aguicher le jeune lecteur…
Il n’empêche que la thématique sous-jacente (le harcèlement) est suffisamment bien amenée et développée, tandis que les pistes & conseils se révèlent tout à fait crédibles. Une situation d’harcèlement n’est jamais identique à une autre, mais les auteurs ont ici réussi à poser les bases pour que le lecteur adolescent d’aujourd’hui puisse y trouver une certaine inspiration…
En remettant 2 secondes ma casquette de « spécialiste de l’éducation », je vous avoue que cet ouvrage tourne actuellement dans mes classes de 5ème & 6ème primaire, afin de sensibiliser mes élèves à ce réel problème actuel.
Vous l’aurez donc bien compris : ce premier tome du Codex de Théo se destine à un public de fin de primaires, début secondaires (9-13 ans) et permet de parler d’un sujet grave (le harcèlement) sans pour autant qu’il ne soit moralisateur.
Ainsi les auteurs s’adressent tant aux victimes qu’aux témoins et aux harceleurs, en décryptant le mécanisme du harcèlement et ses conséquences. Le parent peut aussi y trouver des pistes pour mettre fin à ce cercle vicieux.
Pour en savoir (encore) + …
Mylène Lambert et Romain Pujol ont en préparation d'autres tomes pour décliner les aventures de Théo tout en abordant des sujets délicats pour les enfants.
On est prêt à parier que le #2 sera axé sur les enfants « Asperger » : les auteurs n’ont certainement pas mis en scène le frère de Paul et sa différence gratuitement…
Milan Morales