1984
Scénariste : Jean-Christophe Derrien
Dessinateur : Rémi Torregrossa
Editeur: Soleil

Mon avis
1984, le roman culte de Georges Orwell adapté en bande dessinée ? Tiens c’est original. Je me souviens avoir dû lire ce livre vers mes 14-15 ans et j’en ai gardé des souvenirs assez marqués : « Big Brother is watching you » ou encore l’épisode des rats. Publié en 1949, ce roman d’anticipation demeure une référence incontournable !
Un extrait vu sur le site de l’éditeur Glénat a achevé de me convaincre pour relire cette histoire adaptée par Jean-Christophe Derrien (Incantations, Poker, Ric Hochet, Miss Endicot, Frigiel et Fluffy) et dessinée par Remi Torregrossa (Triskell, Ligue 1 Manager).
Mais en faisant une recherche sur le net, je constate pas moins de quatre adaptations récentes ou prévues en bande dessinée : « 1984 » de Fido Nesti paru en 2020 chez Grasset (224 pages), « 1984 » de Xavier Coste (224 pages chez Sarbacane), « 1984 » de Ameziane et Titeux de la Croix (232 pages aux éditions du Rocher) et « 1984 » de Derrien et Torregrossa (120 pages chez Soleil), tous les trois prévus ce 6 janvier 2021! Tout ceci est certainement lié au fait que le roman a célébré ses 70 ans et est tombé dans le domaine public, mais trois albums traitant du même sujet et dont la date de sortie est identique, ce n’est pas fréquent !

Dans cette version, les auteurs ont pris le parti d’illustrer le récit uniquement en noir et blanc, à l’exception des quelques notes d’espoir disséminées dans le livre de 120 pages.
Christophe Derrien nous détaille donc la vie quotidienne de Winston Smith sous l’ère de Big Brother. Chaque citoyen est épié, surveillé, et travaille dans un but commun sans individualité. Travailleur au Ministère de la Vérité (Miniver), il est chargé de réécrire l’histoire pour la faire correspondre à la réalité. Ainsi par exemple si l’Océania est actuellement en guerre contre l’Eurasia, c’est depuis toujours, c’est écrit dans le journal que Winston vient de corriger (alors qu’en fait il y a quatre ans, c’était contre l’Estasia !). Et donc il révise le passé, réimprimant un nouveau journal avec les corrections et détruisant l’original ! C’est ainsi aussi que des gens sont vaporisés : on efface toutes leurs traces comme s’ils n’avaient jamais existé ! On vous supprime des clichés photos et des livres d’histoire (comme en URSS du temps de Staline).
L’adaptation reste fidèle au roman, reprend la Novlangue dont le but est de réduire le vocabulaire chaque année pour restreindre les limites de le pensée (la police de la pensée veille au grain), et on découvre au détour des case de Toregrossa toutes une série d’affiches oppressantes et de phrases choc : « Le crime de penser ne provoque pas la mort. Il est la mort. » « Non au sexe » car toutes les naissances ont lieu par insémination artificielle.
« Rejoignez la ligue des espions » Ou encore plus noir : « L’avenir de l’homme c’est une botte qui piétine un visage humain à tout jamais ! »
Mais au sein de cet univers angoissant, un espoir survient avec l’arrivée de Julia. C’est elle qui osera faire le premier pas vers Winston et ils s’aimeront en secret et transgresseront les règles.
Le récit est en noir et blanc sauf lorsque l’espoir surgit et que l’interdit est transgressé : un verre d’alcool lors d’une discussion à la cantine, un tableau d’art, la fusion charnelle entre Winston et Julia bien entendu, le maquillage de Julia, le précieux livre de Goldstein…
D’entrée de jeu, avant d’ouvrir cette bande dessinée, on découvre la couverture en rouge et noir et blanc, avec l’œil qui vous observe et vous surveille ! Et dans l’album, des drones, des caméras, des miroirs sans teint permettent de surveiller en permanence les citoyens.
Intéressant à (re)lire pour (re)découvrir le roman politique et dystopique de Georges Orwell. Car finalement, sous certains aspects, la réalité rejoint et parfois dépasse la fiction ! Les drones sont apparus, la langue française s’appauvrit avec les tweet et Trump a durant ses quatre ans de mandat communiqué essentiellement par tweet (maximum de 280 caractères !), en ces temps de Covid, la surveillance et la délation sont encouragés par certains, … bref des éléments parfois « cauchemardesques » que Georges Orwell imaginait déjà en 1948 lorsqu’il a écrit son roman !
Maroulf