Série: Joséphine Baker
Auteurs: Catel, José-Louis Bocquet
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Présentation du livre
Joséphine Baker, de son vrai nom Freda Joséphine Mc Donald, naît le 3 juin 1906 à St Louis (Missouri) de parents artistes désargentés et en mal de reconnaissance. Ses parents se séparent un an plus tard alors que sa mère vient à peine d'accoucher de son second enfant, un garçon.
Joséphine sera alors élevée par sa grand-mère et sa tante avant de rejoindre à 5 ans le nouveau foyer familial; sa mère s'étant entre-temps remariée avec un livreur de charbon dont elle a eu deux filles.
Joséphine est âgée de 7 ans quand pour subvenir aux besoins de la famille, sa mère la place comme servante. Mais cet épisode sera de courte durée car elle sera victime de maltraitance de la part de son employeuse. A cette époque, Joséphine n'est pas très assidue à l'école car ce qu'elle préfère, c'est danser et encore danser; que ce soit dans ses propres mises en scène ou plus tard dans des spectacles de rue en compagnie du Jones Family Band. Talentueuse, Joséphine se fait remarquer très jeune, elle n'a alors que 14 ans, par le régisseur d'un théâtre de Saint Louis qui lui permet de participer à quelques spectacles. Puis elle réussit à décrocher une place dans une tournée qui va l’emmener partout aux USA avant de débarquer en Europe en 1925.
A tout juste 20 ans, Joséphine met le public parisien à ses pieds après son passage remarqué dans la Revue Nègre au théâtre des Champs-Élysées où vêtue d'un simple pagne, elle danse le charleston encore inconnu en Europe. Malgré un parfum de scandale, Joséphine suscite l'engouement et accède dans les années 1930 au rang de première star noire internationale. Ses représentations la conduisent de Buenos Aires à Vienne, de Londres à Tunis. Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon sont ses amis.
Après la guerre et son engagement du côté de la résistance française, Joséphine s'installe au château des Milandes où elle se partage entre la poursuite de sa carrière et l'éducation de sa "Tribu arc en ciel"; 12 orphelins de nationalités diverses que Joséphine adopte, en écho à sa lutte de toujours contre le racisme et la ségrégation aux côtés entre autres de Martin Luther King.
Joséphine Baker est décédée en avril 1975, après un retour triomphal sur la scène parisienne.
L'avis de Gladys
Un résumé un peu plus étoffé que d'habitude, à l'image de ce volumineux roman (bio-)graphique très complet. C'est un choix judicieux de la part des auteurs, Catel et José-Louis Bocquet, d'avoir choisi l'artiste Joséphine Baker pour dresser le portrait d'une nouvelle figure emblématique féminine. On est dans la continuité de ce qui a été fait par ce tandem sur "Kiki de Montparnasse" et "Olympe de Gouges".
Quel bonheur de plonger dans la vie tumultueuse de la première star mondiale noire. L'album traite toutes les facettes de la vie privée et publique du personnage fascinant qu'était Joséphine Baker. Beaucoup d'entre nous la connaissent comme la danseuse au pagne de bananes ou comme la chanteuse de "J'ai deux amours", ou encore comme meneuse de revue ou comme actrice, mais il serait réducteur de la cataloguer dans ces seuls registres artistiques. Joséphine Baker fut aussi une résistante durant la seconde guerre mondiale, et ensuite une militante farouche pour les causes qui lui tenaient à cœur: la lutte contre le racisme et la protection des droits des enfants. Elle fut même la mère adoptive de 12 orphelins, sa tribu arc-en-ciel. Des engagements compréhensibles quand on découvre son enfance dans l'Amérique ségrégationniste, sur laquelle José-Louis Bocquet s'attarde dans les premiers chapitres.
Le scénariste a fourni un gros travail de recherche historique pour faire la part des choses entre faits avérés et légendes. Aussi, il n'hésite pas à partager le fruit de son labeur avec des annexes captivantes: une courte chronologie de Joséphine Baker et une notice biographique des personnages principaux et secondaires de l'histoire de Joséphine, accompagnée de portraits dessinés par Catel.
La dessinatrice Catel n'est pas en reste, elle non plus, en terme de travail accompli. Elle laisse éclater son savoir-faire par un somptueux dessin tout au long des 400 planches. Son graphisme souple, tout en finesse, en noir et blanc, nous révèle une Joséphine Baker rayonnante, des célébrités reconnaissables et une architecture soignée. C'est tout bonnement splendide!
Un album incontournable! Une franche réussite! Un petit bijou de plus dans la très belle collection « écritures » de Casterman.