

Après trois années de combats contre l’Imperium, Lone Sloane quitte Nabuklon, suite à l’appel de son vieil ami Yearl. Ce dernier lui apprend qu’il a une fille et que celle-ci vient de se faire kidnapper pour servir les bordels de Delirius. Les deux compères embarquent donc vers ce haut lieu de débauche de la galaxie, ignorant qu’ils vont tomber dans un piège…
Voici un album qui marque le grand retour de Philippe Druillet à la bande dessinée. Commencé il y 25 ans, Delirius 2 fut arrêté suite au décès de son scénariste, Lob. Benjamin Legrand a repris le scénario, bien que Druillet prétende qu’il l’a massacré pour ne faire qu’à sa guise, dans la démesure tel qu’on le connaît. Car Druillet est le premier qui a bousculé les petites cases de BD, les a arraché à leur cadre étriqué pour présenter des pleines pages qui paraissent malgré tout encore trop petites tellement elles foisonnent de détails. Druillet est un de ceux qui ont mené la BD vers le neuvième art, qui a démontré la verticalité de l’horizontalité (je m’explique : les planches BD se lisent à plat : horizontalement, tandis qu’à présent ces mêmes planches s’accrochent au mur, soit verticalement), qui a mis fin au règne de l’âge d’or d’une certaine BD belge Spirou-Tintin qui avait tendance à dormir sur ses lauriers.
Druillet est un précurseur qui a pu démontrer que la bande dessinée n’était pas un art réservé aux enfants et aux adultes qui n’ont pas grandi, il a emmené celle-ci vers l’âge de raison (ou de déraison ?!?).
Voici donc une histoire qui commence par quelques planches traditionnelles, avec des cases, pour se terminer en de grandes fresques. Il est parfois difficile de pouvoir coordonner les textes avec les images mais Druillet reste Druillet, cet album ne se lit pas à la 6-4-2, il faut le temps de s’imprégner de l’ambiance qui n’est pas sans rappeler sa trilogue Salammbô par son côté tragique et grandiloquent. Un space opéra dans tous les sens du terme…
Un album pour ceux qui aiment Druillet et éprouveront du plaisir à retrouver le maître.
Petit bémol, la colorisation trop criarde de Jean Paul Fernandez.
Shesivoane