Des Milliers de Plumes Noires
Scénariste : Jeff Lemire
Dessinateur : Andrea Sorrentino
Coloriste : David Stewart
Editeur: Urban Comics
Tu ne les entends pas?
Tu ne les entends pas tomber à nouveau?
Bien.
Ca signifie que tu es proche.
C'est presque l'heure.
Cette chronique reprend une partie commune avec les autres tomes de la série. Si vous voulez voir mon avis sur ce numéro en particulier, rendez-vous en fin de page.
C'est plutôt un gros projet qui est à l'origine de cette série: l'idée de départ de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino est de créer un univers mythologique et horrifique qui serait dévoilé dans des histoires auto-conclusives et courtes qui, et je cite Andrea, récompenseraient le lecteur qui prend la peine de s'investir complètement dans le projet en lisant l'intégralité des oeuvres, qui pourraient se compter par centaines!
Vous voilà prévenu, il n'est nullement question de comprendre quoique ce soit en survolant ces deux premiers tomes. Il n'est aussi nullement question d'avoir des réponses aux milliers de questions qui vont se pressées dans votre tête à la lecture de ces deux premiers numéros. Volumes qui peuvent d'ailleurs être lus dans l'ordre de votre choix, ils sont complémentaires et appelé à être complétés dans le futur par d'autres livres qui au final devraient donner une vision globale à l'ensemble.
Il n'est pas question pour autant de prendre le lecteur par la main et il va vous falloir une certaine ouverture d'esprit et d'acceptation pour pénétrer cet environnement lugubre. Ce n'est pas de l'horreur à proprement parlé comme le soulignent les auteurs. Pas de gore, même si du sang il y en aura, mais du thriller surréaliste et lynchien* avec une touche de nihilisme**.
Le style est dur et sombre, ajoutant une couche de mystère à l'oeuvre. Le choix d'une ambiance quasi monochrome très fortement encrée soulignée de quelques couleurs vives rend l'ensemble très prenant, pour autant que l'on arrive à accepter ce graphisme très tranché.
Des Milliers de Plumes Noires est une histoire unique. Cela la distingue du titre "Le Passage" qui en comporte deux. L'utilisation de la couleur pour des planches complètes la différentie également. Couleurs qui servent ici à situer dans le temps les événements relatés. Même si j'ai un peu de mal avec les visages des personnages en particulier pour la partie "sombre", je me suis aussi très rapidement engouffré dans cette étrange histoire qui révèle encore quelques secrets du Mythe de l'Ossuaire. Il me tarde maintenant de découvrir d'autres titres et de pouvoir petit à petit découvrir les secrets de cet univers.
*Qui se rapporte à David Lynch, son style, ses thèmes d'écriture.Une des particularités du cinéma de Lynch est de proposer une narration le plus souvent déconstruite et même parfois circulaire (Lost Highway, Mulholland Drive) un peu à l'image d'un ruban de moebius. Il ne s'est jamais intéressé à la construction d'un récit cohérent ou qui faisait sens. (sallesobscuresassas.wordpress.com)
**Le nihilisme est la séparation entre les valeurs et les faits, et proclame l'impossibilité de hiérarchiser les valeurs. Cette position implique l'amoralisme et le scepticisme moral. (Wikipédia)